Objectifs
L’objectif pédagogique de cet enseignement du DE6 matière et expérience est triple :
'1-Par le “faire” intégrer le “penser” dans “l’action”.
L’objectif central de cet enseignement est d’interroger l’approche du projet en invitant les étudiants à partir d’un travail sur la matière, d’en faire l’expérience physique. Le but de l’expérimentation est en premier lieu de rencontrer la matière, d’en découvrir ses caractéristiques, ses potentialités physiques et poétiques, au-delà de ce qui en est su et pensé. Expérimenter par la matière c’est faire naître l’imprévu. Les outils convoqués par cet enseignement seront la maquette à grande échelle, les protostructures, les artefacts et le prototypes.'
Ce que remet en cause cet enseignement ce n’est pas l’usage de conceptualisation ni le recours à l’abstraction, mais la temporalité avec laquelle ceux-ci interviennent. Il ne s’agit plus d’envisager la conception et la matérialisation sous les termes de l’avant et de l’après mais bien comme pouvant se réaliser en même temps. Pour paraphraser le titre d’un ouvrage de J. Palasmaa, il s’agira de mettre en action « la main qui pense ».
2- Par le corps, interroger nos perceptions de l’espace et les intégrer dans la conception du projet.
Le faire est un moyen de faire « l’expérience de », par un engagement physique, ce qui engage le corps tout entier tant dans sa perception que dans la conception de l’espace.
Il sera question de masse et de gravité, de déplacement des corps, de mouvement d’air et d’hygrométrie, de rayonnement solaire et de convection, de résonance et de matité …. Les étudiants seront amenés à convoquer la thermodynamique, l’acoustique, la résistance des forces et des matériaux, les études d’orientations solaires, de stockage et de cheminement, de la géométrie…
3-Par l’eau, questionner la transformation des territoires, milieux vécus et la conception des architectures contemporaines.
Notre relation avec l'eau est complexe et contradictoire. L'eau est vitale pour toutes les formes de vie et pour la genèse de la matière, organique et inorganique. Pourtant, elle reste relativement invisible et demeure un des impensées de la conception architecturale. Les étudiants questionneront les caractéristiques fondamentales et uniques de l'eau et son influence sur les états changeants de la matière et des écologies dans le territoire et l'architecture.
A l’échelle territoriale : De tout temps le contrôle de l’eau a été un des instruments de la fabrication des paysages humains. Depuis la révolution industrielle, elle a constitué un vecteur crucial pour la création des paysages modernes rationalisés que nous habitons aujourd'hui. Il semble toutefois que les mentalités et les techniques modernes de contrôle de l'eau aient atteint leurs limites. Il s’agira donc de repenser un nouvel usage de l’eau afin de répondre aux problématiques environnementales actuelles et ainsi créer des paysages contemporains chargés de sens.
A l’échelle architecturale : l’architecture consiste dans une large mesure à contrôler l'eau, qu'elle soit présente dans l'atmosphère, dans le sol ou dans le bâtiment. La condensation, la pénétration de l'eau de pluie et l'humidité indésirable peuvent endommager le bâtiment et avoir un impact sur sa longévité. La réponse de l'architecte à la durabilité d'une construction et à sa matérialité consiste généralement à concevoir une résistance aux intempéries causées par l'eau. De plus, notre société exige de plus en plus un confort contrôlé et normalisé : l'enveloppe du bâtiment sépare les climats et les écologies intérieurs et extérieurs.
Les étudiants seront amenés à repenser cet usage de l’eau dans le bâtiment, sa présence, ses effets climatiques, plastiques, sonores et de l’intégrer pleinement comme thème fondamental de la conception architecturale.