Que doit-on penser de certains bâtiments intégrant des éléments de réemploi ?
S’agit-il d’une simple adaptation constructive ou a-t-on affaire à une nouvelle attitude qui requestionne la manière d’envisager un projet d’architecture ?
La prise en compte par la société des événements liés au réchauffement climatique demande d’envisager l’acte de construire différemment. C’est le nouveau défi qui se présente à tous les acteurs participant à faire évoluer notre environnement naturel et construit. Un des nouveaux thèmes qui s’offrent à eux est celui de la réduction de l’impact carbone qui vise à une utilisation des matières de manière efficace et sur une durée aussi longue que possible. Une des manières d’y arriver est de recourir au réemploi, entendu comme : le « retrait soigné des composants d’une construction devenue obsolète et l’extension de leur durée de vie au sein d’une autre construction ». Le gisement de parties réemployé provient d’un « bâtiment donneur » qui vient s’insérer dans un « bâtiment receveur ».
Il y aurait donc des objets issus d’un contexte, qui arrivent dans un nouveau contexte.
Le retrait soigné indique que l’objet extrait sera reconnaissable et identifiable en tant que tel. Cette situation ressemble étrangement à celle du ready-made, qui concerne un objet sans qualification particulière, qui, lorsqu’il change de contexte, acquiert une nouvelle dimension, celle d’une œuvre artistique. Il y a donc un transfert d’un milieu à un autre comme c’était le cas en 1917 pour un urinoir qui quitte les toilettes publiques pour aboutir dans une salle du musée. En effet, Marcel Duchamp, conçoit l’œuvre Fontaine, un des premier ready made en disposant verticalement un urinoir sur un socle. Au-delà des questions de changement de contexte d’un objet, cette œuvre se caractérise par l’impossibilité d’usage par la position atypique contraire à son bon fonctionnement, l’absence de tuyauterie qui empêche l’alimentation et l’évacuation de l’eau. D’ailleurs, l’œuvre n’a même pas été fabriquée par l’artiste, puisqu’elle a été commandée à une entreprise d’articles de plomberie. D’objet d’usage à objet d’art extraordinaire. D’ailleurs, « ready made », signifie « tout prêt », « prêt à l'emploi ».
Objets à réactions poétiques
En changeant de fonction et de milieu, les parties de bâtiments issus du réemploi acquièrent un nouveau statut. Dans L'Atelier de la recherche patiente, Le Corbusier parle des « objets à réaction poétique » de la manière suivante : « essentiellement d'origine naturelle (coquillages, fragments pittoresques de roche, de racine ou d'écorce), mais aussi parfois manufacturés et postérieurement remodelés par la nature (gants et cordes usagés par exemple), [leur] plasticité constitue « un stock de valeurs éloquentes ».
Les projets des étudiants se focaliseront sur le réemploi, en imaginant la manière de concevoir des logements à partir d’éléments de construction réemployés vu comme des objets à réaction poétiques.
Entrepôt visitable
Ce programme préfigure une nouvelle manière d’exposer des œuvres.
Les entrepôts d'art, visitables, offrent une approche innovante dans le monde de la conservation et de l'exposition artistique. Il s'agit de transformer des espaces habituellement privés et utilitaires en lieux de découverte culturelle. Contrairement aux musées classiques, ces entrepôts mettent en avant l'envers du décor : la conservation, la restauration et la gestion des œuvres. C’est un concept qui renforce le lien entre le public et les coulisses du patrimoine artistique.
Reconversion d’un site industriel et artisanal, à Tolochenaz en bordure du lac Leman
Le site au caractère artisanal sera reconverti en quartier d’activité à haute valeur ajoutée. Diverses fonctions au caractère public viendront constituer un nouveau lieu attractif. Pour intégrer les nouveaux défis climatiques et écologiques, et en particulier la réduction de l’empreinte carbone, tout ce qui est présent sur le site sera réutilisé, maintenu tel quel ou démonté et remonté selon d’autres mode de mise en œuvre.
Le concept constructif sera élaboré afin de créer un édifice remarquable, attractif et fonctionnel au cœur du quartier en mutation.
La parcelle est occupée par une halle industrielle qu’il va donc falloir adapter, remanier, réhabiliter en utilisant les matériaux du site pour construire le nouveau programme.