M1-S8 PROJET 2e semestre 2023-2024
Enseignants : Marie Caroline Piot et Sébastien Blondiot,
avec des interventions ponctuelles de Dimitri Toubanos et Jean Mas.
L’organisation des séances
Jour(s) de la semaine et horaire : vendredi après-midi
Salle(s) : 124-125
Modes pédagogiques :
Le semestre sera structuré en deux étapes : les deux premières semaines seront consacrées à une première recherche à l’échelle urbaine relative à un projet d’aménagement futur pour le périphérique.
Le reste du semestre sera consacré à la mise en application de cette hypothèse urbaine sur une « tranche » du périphérique intégrant la conception d’un bâtiment jusqu’à un niveau constructif abouti, sur la base d’un programme de foyer pour migrants, associé à un petit équipement.
OBJECTIFS PEDAGOGIQUES
A l’aune des réflexions sur la finitude des ressources, en terme de matériaux comme en terme d’espace constructible, ce semestre propose une réflexion sur la transformation du plus grand espace encore vacant à Paris : le boulevard Périphérique. Un travail prospectif à l’échelle de ce boulevard, ainsi qu’à l’échelle architecturale, permettra d’aborder les questions de frugalité constructive et de transformation des modes d’habiter dans Paris.
Le périphérique de Paris, anneau de 35,5km de voies achevé en 1973, qui incarnait une utopie de la liberté associée au règne de la voiture, est voué à une obsolescence programmée. Il connait actuellement une première étape de transformation à l’occasion des Jeux Olympiques, et est amené à évoluer considérablement dans les prochaines décennies. Plusieurs études ont été menées par les services d’urbanisme de la Ville de Paris (APUR) pour envisager la transformation du boulevard Périphérique d’ici aux années 2050, (cf ouvrage : « Livre Blanc du Périphérique »).
Le concours Réinventer Paris lancé par la Ville de Paris en 2015 prévoyait également la construction de volumes habités en surplomb du périphérique, en anticipation de la baisse des nuisances de cette voirie, liée à l’évolution des modes de transport. Ces projets ont cependant rencontré des freins et n’ont pas pu voir le jour. Le nouveau PLU Bioclimatique de la Ville de Paris, applicable dès à présent, prévoit au contraire la sanctuarisation des abords du périphérique afin laisser ouvertes les possibilités futures d’aménagement de cet espace linéaire sans équivalent qui représente sans doute la dernière ressource foncière dans Paris.
Ce territoire appelle une réflexion sur le devenir de ces espaces dédiés à la circulation rapide, marqués par l’évolution des modes de transport, dans un contexte de ressource foncière saturée et de besoin de régulation du climat de la ville.
Le projet abordé ce semestre est donc l’occasion pour les étudiants de se positionner sur la question de la mutabilité de ce territoire en intégrant l’évolution des modes de transports et des modes d’habiter. Nous proposons d’étudier cette question à deux échelles :
- Un premier travail sera réalisé à une échelle étendue afin de mettre en place une hypothèse d’aménagement futur du périphérique
- Un second travail à l’échelle architecturale sera réalisé sur une « tranche » du périphérique, située Porte de Clignancourt, intégrant la conception d’un bâtiment. Ce projet s’inscrira dans un programme associant un foyer pour migrant, et un petit équipement.
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Nous, architectes, désirons tous ardemment contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique et la prise en compte des ressources limitées de la planète, par un engagement dans tous nos projets futurs et par une refondation en profondeur de nos « pratiques théoriques » de projet.
Pour ce faire, nous proposons un enseignement qui vise à explorer les relations entre l’Architecture et l’Ecologie dès l’origine par le PROJET architectural et paysager, et non par quelque annexe que ce soit, attachés à une forme de doxa de référentiels ne visant qu’à l’obtention de labels de toute nature.
Nous allons donc proposer aux étudiants de mettre en place des dispositifs inédits, des figures de conception qui traduisent leurs hypothèses de conception écologique à différentes échelles : du paysage, à l’architecture et sa structure. L’objectif sera de développer une démarche « low tech » de conception, en tirant parti des qualités du site et de la matière bois, tout en imaginant de nouvelles perspectives pour l’habiter et le territoire étudié.
Intervenir dans la métropole : Vers une recherche de densité positive
Cet enseignement s’intéresse à un objet d’étude particulier : la métropole du Grand Paris. A travers ce positionnement, nous interrogeons la manière d’intervenir dans un territoire fortement urbanisé, avec un foncier tendu.
Cela nous amène à étudier la problématique de la densité, perçue comme un fondement essentiel pour éviter l’étalement urbain et par conséquence répondre aux problématiques d’épuisement des ressources, dont le foncier fait partie intégrante.
Une nouvelle place de la Nature en ville
En intervenant dans la métropole, se pose rapidement la question du sol, du paysage, et de la place de la nature dans une aire métropolitaine à l’aune de la recherche de densité.
Nous aborderons la question du paysage en termes « d’infrastructure verte » dans la planification (notion utilisée lors de la création d’infrastructures, autoroutes, voies ferrées, etc). L’accélération des crises climatiques et sanitaires nous invitent à nous engager dans le mouvement de renaturation des villes et à penser le projet urbain à partir de nouvelles structurations des écosystèmes.
Par ailleurs, si aujourd’hui la question de la mise en œuvre et/ou le renforcement d’une infrastructure verte dans la ville redevient une nécessité et une urgence, autrement dit un enjeu de santé publique, qui nous oblige à l’envisager dans tout projet urbain, il serait une erreur de ne considérer que son apport fonctionnel. Nous avons besoin de lieux pour la promenade, pour le repos, pour le ressourcement et la révélation des espaces, nous avons besoin du vide, pour l’expression de la créativité et la rencontre de l’autre, du vivant, autrement dit d’un espace public de qualité qui accompagne et assure ces continuités et fonctionnalités biologiques.
Transformer, Conserver, Habiter : le territoire comme un palimpseste
En relation avec la réflexion sur la densité et la place de la nature en ville, se pose la question fondamentale de l’acte de bâtir et le rapport à ce qui existe, nous précède et avec lequel nous devons composer. Faut-il conserver l’existant, le démolir pour le remplacer, ou le transformer ? Nous allons proposer aux étudiants de composer avec l’existant d’un site au sein de la Porte de Clignancourt en relation direct avec le périphérique. Ici nous penserons les caractéristiques structurantes du périphérique et du site, ainsi que ses capacités à se transformer. Nous veillerons à la mise en place d’une nouvelle morphogenèse écosystémique qui place l’écologie, le paysage, les réseaux au cœur même de la fabrique de l’urbain, jusqu’à l’intervention sur l’échelle de l’édifice.
Ressources et Cultures constructives : construire avec la matière.
Nous allons inviter les étudiants à poser la question des ressources et à s’intéresser au choix des matériaux et des cultures constructives qui s'appliquent au projet. On le repère dans la production architecturale contemporaine : l'utilisation de matériaux biosourcés devient l'apanage du bâtiment « responsable ». L'utilisation du bois dans la construction refait surface, accompagnée par la renaissance de la pierre, de la terre, de la paille et du chanvre, entre autres. Mais que signifie réellement de construire en bois ? en pierre ? en terre ? Quel est l’impact du choix de ces matériaux dans un projet, à la fois d’un point de vue constructif, mais aussi d’un point de vue spatial, morphologique et typologique ? Cet enseignement va s’intéresser à l’exploration de la construction responsable, en bénéficiant de l’expertise de professionnels qui ont développé ces types de construction dans leur pratique.