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  • S8-P1

Processus de conception

Semestre 8

DE 1 : Processus de conception - C. Faivre, B. Colboc

Enseignant(s) : Cyrille Faivre-Aublin,Benjamin Colboc

  • Année : 4
  • Semestre : 8
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

S8. Cours Processus de conception.

Enseignants: Cyrille Faivre-Aublin, architecte, Benjamin Colboc, architecte.

 

CROISEMENT DES ÉCHELLES. LIMITES.

 

Mesure, dimension, proportion, échelle, représentation.

Géométrie fondamentale : le plan, la coupe.

 

Le projet comme acte de pensée active de transformation du Monde, avec la

responsabilité éthique et politique, artistique, qu’il implique, est un processus qui

envisage le territoire comme à la fois du donné (Nature) et du construit.

La ligne projectuelle qui le constitue est un devenir, une méthode qui a à voir avec la

construction d’un labyrinthe rhizomatique (Dédale, fil d’Ariane, entrés multiples), une

ligne serpentine (ou méandrique) qui prend en compte les forces physiques et

mentales, réelles et symboliques, pour donner forme à des lieux, et construire des

espaces habitables.

Contenu

L’échelle, qui est sans doute l’une des notions les plus floues mais à la fois fondamentale de l’acte architectural, est à la fois un outil de représentation, un rapport mathématique entre le monde réel et sa représentation, un outil de mesure et de proportion par rapport à la taille humaine, et donc de mise en relation des éléments constitutifs du projet architectural.

Une échelle est le rapport entre la mesure de sa représentation (carte géographique, plan de sol, maquette, etc.) et la mesure d'un objet réel. Elle est exprimée par une valeur numérique, généralement sous la forme d'une fraction.

 

Le processus projectuel est une navigation au long cours, un parcours mental zigzagant, non rectiligne, qui à chaque échelle de représentation établit des rapports entre le réel et le projet. Comme le voilier qui, pour sa navigation, doit tenir compte des vents, des courants marins, des marées et des obstacles sur son parcours. Il louvoie.

C’est l’un des paradoxes du processus projectuel : il y a dans son développement à la fois des changements progressifs (graduels, évolutifs) des éléments et de leur représentation : ajustements d’échelles, dimensionnements précis, variations infinitésimales; et puis il y a des sauts d’échelle, des passages du local au global, du détail à la vision d’ensemble.

Le saut d’échelle est, comme dans la science physique moderne, un saut quantique. un changement de point de vue et de représentation se produisant d'un seul coup (révolutionnaire), plutôt que graduellement (évolutif).

Alors que l'échelle multiscalaire étudie les emboîtements successifs d'échelles, l'approche transcalaire étudie plutôt l'influence des échelles les unes sur les autres.

 

À chaque échelle de représentation (architecturale, artistique), se pose la question du type de limite qu’elle implique.

La limite qui n’est pas seulement l’art du contour, du profil clair et le lieu où quelque chose s’arrête mais aussi le lieu à partir duquel quelque chose commence.

L’architecture est en même temps une expérience des limites et une expérience de l’ouverture vers le paysage, voire vers l’infini, ou plutôt l’inclusion de l’ouvert à l’intérieur d’un cadre situé et sécurisé. Dedans-dehors, proche-lointain, petit-grand, ouvert-fermé. De la topographie à la topologie.

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

 

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Informations supplémentaires

Un des cas d’étude sera l’architecture moderne et contemporaine en Suisse, et ses rapports avec les divers territoires géographiques, topographiques, culturels et linguistiques qui composent ce pays.

 

La topographie accidentée de la Suisse est et a été vécue comme un obstacle et en même temps comme une protection. Ce pays se partage en quatre régions géographiques, linguistiques et culturelles. Il y a quatre cultures architecturales distinctes qui ont subi les influences multiples des pays avoisinants (France, Allemagne, Italie, Autriche).

Il s’agira d’explorer, par l’étude monographique de certains projets réalisés ou non, par des architectes dans ces quatre régions, l’intrication de prises de positions théoriques et d’actes de transformation du territoire par l’architecture.

Les rapports dialectiques entre local et global, entre géographie, territoire, paysage, ville-campagne et architecture seront posés, à partir d’exemples remarquables.

 

La question de l’abstraction du processus de projet confrontée à la nature dans sa complexité topographique sera posée. Une comparaison antinomique sera faite avec les paysages et les architectures de Hollande (Pays-Bas).

La question de l’abstraction dans la construction du regard et de la production artistique d’un artefact, liée à celle du point de vue et de la représentation, sera développée.