Contenu et sujet
a- Décarbonation, transformation et adaptation des « grands fossiles » du siècle dernier pour construire la ville d’aujourd’hui et de demain…
Le XXe siècle et particulièrement l’après-guerre a été dans l’histoire de l’humanité, le siècle de l’accélération exponentielle dans tous les domaines : qu’il s’agisse de la vitesse, de la fabrication du territoire, de la consommation des ressources, de l’exode rural, de la démographie, ou de l’espérance de vie. L’architecture a obéi aux performances inédites et aux idéaux de l’époque avec ses limites et ses excès : d’un coté, un optimisme à toute épreuve, alimenté par le credo d’indéniables progrès scientifiques ; de l’autre : une propension à la séparation, au zoning, à la dépense énergétique, à la carbonation, à l’obsolescence programmée.
Zone d’activités, lotissements pavillonnaires, grands ensembles, centres commerciaux……autant d’archétypes que nous lègue donc l’» élan moderne » et que la période de la reconstruction a déployés à grande échelle durant les 30 glorieuses en France. Le zoning fonctionnel et les unités de voisinage charpentés par la ville de la route étaient alors au cœur de la conception urbaine. L’assemblage de ces composantes a fabriqué la ville contemporaine et dessiné une part importante de notre cadre de vie en incarnant la modernité. Cet héritage est aujourd’hui condamné à s’adapter aux nouvelles conditions du monde, celle du régime climatique (Latour) avec sa trajectoire bas carbone (objectif neutralité carbone en 2050 visé par la SNBC), et de performance environnementale autour d’un nouveau pacte avec la nature. En voie d’obsolescence ou/et condamné à se transformer, ces grands archétypes vont constituer une part importante du travail futur des architectes. Quel devenir avenir pour ces grands fossiles de la modernité ?
C’est en prenant en compte ce constat et cet héritage que nous proposons d’aborder la nécessaire question de la transformation de l’architecture et de la ville du XXe siècle, pour l’adapter aux conditions de notre présent et avenir.
A l’urbanisme de la redécouverte de la ville puis de la réparation pourrait ainsi succéder un urbanisme du recyclage et de la mutation s’inscrivant dans un mouvement plus ancien qui est celui du métabolisme urbain. Comment l’architecture participe-t-elle de la transformation du monde, de l’espace, de la société qui l’habite ? C’est cette question qui est posée comme le cadre théorique de ce studio de projet.
Ces questions seront abordées de la très grande échelle jusqu’au détail d’architecture permettant de mettre à l’épreuve la cohérence du projet urbain…
b- Le centre commercial et sa zone
Cette année, le centre commercial sera le sujet d’étude dans le contexte spécifique des territoires métropolitains (Nantes).
La zone commerciale, c’est une ville horizontale zonée aux portes de la ville mixte et résidentielle, une ville fragile, étanche, sans nature et dessinée pour la voiture, une ville qui joue le rôle d’hyper centre/ de centralité de la banlieue et de la périphérie, plus largement de l’espace péri-métropolitain.
Le centre commercial, c’est un bâtiment ville, une hyper ville, le temple du commerce, le centre et la « place du village » du territoire, une infrastructure ossature en général en béton parfois en charpente métallique.
Autrefois en bord ou hors de la ville, mais branchées sur les infrastructures routières, les zones commerciales ont été progressivement englobées dans les aires urbaines et raccordées pour certaines à l’espace métropolitain par les transports en communs. Le retour à la ville, le télétravail, la crise du consumérisme, la congestion routière et la critique de la route, etc… conduisent à repenser le modèle en réévaluant hybridant suivant les situations son programme (réversibilité, mixité, densité...) dans le cadre de sa spécifiée architecturale (infrastructure XXL).
Dans la perspective désormais active du ZAN, ces grandes emprises constituent les espaces privilégiés de renouvellement dont le projet peut à la fois restaurer une géographie naturelle disparue, et contribuer à la dynamique des villes en permettant de répondre aux attentes en matière de logements et d’urbanité. Intervenir sur ces formes urbaines singulières de la seconde moitié du XXème siècle, c’est appréhender à la fois une question urbaine et territoriale, une question de programme et une question d’architecture et de construction (recyclage/ adaptation).
c- Voyage à Nantes : Atlantis et la question du faubourg métropolitain
Nous proposons un voyage à Nantes car cette métropole française conjugue à la fois l’exemplarité du phénomène à étudier avec le site Atantis mais aussi une dynamique et histoire urbaine et architecturale exceptionnelle qui font de cette ville un laboratoire en terme d’innovation urbaine, architecturale, de vie sociale et de bifurcation écologique.
Situés sur la route de Vannes au Nord-ouest de Nantes, entre faubourg de ville et frange péri-urbaine, le secteur Atlantis dessine un vaste territoire composite dont l’urbanisation s’est faite par fragments dans la période d’expansion urbaine de la seconde moitié du XXème siècle : grands équipements métropolitains, zones d’activités, zones commerciales, lotissements et cités d’habitat social dessinent aujourd’hui un faubourg métropolitain,
Avec le nouveau PLUm, les élus de la métropole ont décidé de limiter l’expansion territoriale de la ville et d’engager un processus de renouvellement urbain permanent attentif aux enjeux écologiques. L’urgence environnementale et les récentes manifestations sociales confirment cette nécessité de lutter contre l’étalement urbain et la ségrégation spatiale.
Ces anciens espaces servants, caractérisés par leur hétérogénéité et leur faible qualité urbaine, sont désormais hyperconnectés (tramway), et donc attractifs. Ils constituent à ce titre, une ressource foncière majeure pour le développement urbain des décennies à venir.