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  • S7-P2 Projet 2 architectural et urbain

Projet S7

Semestre 7

DE 7 Praxis : Figures du possible - A. Durrmeyer, JB Guilllaume

Enseignant(s) : Jean-Baptiste Guillaume,Adrien Durrmeyer

  • Année : 4
  • Semestre : 7
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

DE PRAXIS

Praxis fait le constat que les crises environnementales, économiques, sociales et politiques que nous traversons sont intimement liées à notre appareil productif, dont l’insoutenabilité est manifeste. Nos manières de produire sont la cause de destructions écologiques et anthropologiques sans précédent. Nous pensons, pourtant, que la discipline architecturale dispose des moyens de les surmonter, car elle est capable de penser la construction d’un appareil productif alternatif soutenable, qu’il s’agisse de conception ou de réalisation. Cela doit désormais être là sa mission première. Notre rôle ne peut se limiter à édifier des œuvres de qualité, si les conditions de leur production ne sont pas durables. Nous devons réécrire notre rôle en tant qu’architecte. Au sein des ateliers de recherche et des séminaires, les étudiant·es auront donc pour objectif de développer une réflexion critique sur les pratiques architecturales et urbaines alternatives.

 

GROUPE 5

Il n’est pas facile de délimiter clairement où commence et où s’arrête le champ de la discipline architecturale. Tant mieux. C’est justement cette ambiguïté qui, pour nous, est source de richesse. L’étendu de ce champ reste à explorer. C’est l’objet même de la recherche que nous proposons de mener ce semestre ; architecture : the final frontier. Pour le dire autrement, nous tenterons d’étendre la définition du projet architectural au-delà de ses limites convenues, à savoir la production de bâtiment dans le cadre du système productif contemporain. Cette tentative d’extension n’est pas gratuite, elle poursuit un but profondément politique : questionner le rôle des architectes et les moyens dont ils et elles disposent pour intervenir concrètement dans la situation contemporaine.

 

Pour ce faire, nous proposons de partir de l’étude de projets radicaux du XXe siècle en suivant un plan quinquennal ; chaque projet sera l’occasion d’aborder un thème spécifique, et un territoire singulier (en France) à partir desquels nous pourrons penser les nouvelles formes de l’architecture à partir de ses représentations.

 

AN I

Nous travaillerons cette année sur le modèle de l'architecte-transformateur, dont la pratique consiste à entretenir et modifier au fur et à mesure.Notre système productif a besoin d’être entretenu, sinon il s’épuise et se détériore. L’architecture nous semble, par essence, une discipline capable de penser la maintenance, dans le cadre de la production de bâtiment et au-delà. Cette attitude engage l’architecte dans un projet par la transformation.

Nous travaillerons ce semestre à partir du Fun Palace de Cedric Price et Joan Littlewood (1964) sur un terrain situé à Strasbourg.

Contenu

FUN PARLIAMENT / POLITICS PALACE

En 1964, l’architecte Cédric Price et la metteuse en scène Joan Littlewood présentent un projet manifeste de complexe culturel et éducatif interactif et adaptable : Le Fun Palace. Il s’agit d’un projet sans site ni programme préétabli : c’est un lieu d’expériences spatiales, esthétiques et sociales ; bref, une pure architecture. Nous proposons aux étudiant·es de partir de cette icône radicale pour penser les modalités de son application à un champ dont on ne peut que constater aujourd’hui la crise profonde : la politique.

 

Nous ne sommes pas passé·es loin du désastre lors des élections législatives de juin 2024 ; mais cela ne signifie pas pour autant que tout danger soit écarté. Nous n’avons que résolu (momentanément) les effets de la crise, mais pas ses causes. Si, comme l’écrivait Bossuet, « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes », il s’agirait de ne plus prêter à rire ; et d’assumer enfin que la cause de la crise politique actuelle est essentiellement structurelle. Ses formes d’organisation, de représentation, de décision sont dépassées : elles semblent parfaitement incapables de de penser et appliquer des dispositions capable d’enrayer sérieusement l’explosion des inégalités économiques, la dégradation continue des conditions de travail, l’expansion des phénomènes de censure intellectuelle ou, bien sûr, la catastrophe écologique ; bref, toutes ces causes qui mènent directement à la montée planétaire du fascisme que nous vivons aujourd’hui. Face à ces enjeux immenses, que peut l’architecture ? C’est ce qu’on verra ce semestre.

 

Nous proposons de procéder en deux temps. Premièrement, une analyse théorique et graphique du Fun Palace : nous réfléchirons, collectivement, aux potentialités de ce projet pour penser et édifier de nouveaux types d’espaces et d’institutions politiques. Ces réflexions seront présentées et débattues lors d’un colloque à l’ENSA de Strasbourg. Deuxièmement, nous travaillerons, individuellement, à deux projets distincts mais fonctionnant en diptyque. 1) Une microstructure sans site, sorte d’objet-édifice interrogeant avec dérision la pratique politique contemporaine : un Fun Parliament. 2) Une macrostructure sur un terrain concret à Strasbourg, bâtiment institutionnel promouvant toutes les expériences politiques alternatives à l’échelle européenne : un Politics Palace.

 

Ces deux projets seront menés en même-temps ; les étudiant·es pourront expérimenter combien les réflexions développées par l’un alimentent directement celles développées par l’autre. Par ailleurs, une attention particulière sera portée sur la représentation des projets, qui chercheront à sortir du cadre conventionnel, ainsi qu’aux détails (maquettes et coupes au 1/50).

Un voyage de trois jours à Strasbourg sera organisé d’ici la mi-octobre afin de participer au colloque, visiter et étudier le site du Politics Palace, ainsi que rencontrer des associations locales et visiter des édifices institutionnels emblématiques de la ville (Cour Européenne des Droits de l’Homme). Ce voyage est organisé en partenariat avec le séminaire « Chantier de crises », inscrit dans ce même DE.

Bibliographie

BAUDRILLARD Jean, Le système des objets. Paris, Gallimard, coll. Tel, 2016.

CASTORIADIS Cornelius, L’institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, 1999.

CAYE Pierre, Durer. Éléments pour la transformation du système productif, Paris, Belles Lettres, 2020.

DEPLAZES Andrea, Construire l’architecture, du matériau brut à l’édifice. Berlin, Birkhaüser, 2008.

GORZ André, Bâtir la civilisation du temps libéré, Paris, Les Liens qui Libèrent, 2013.

HARAWAY Donna, Vivre avec le trouble, Vaulx-en Velin, Les éditions des mondes à faire, 2020

HERTZBERGER Herman, Lessons for Students in Architecture. Rotterdam, NAI Publishers, 2016.

HOLL Steven, Pamphlet Architecture 1-10, New York, Princeton Architectural Press, 1998.

HOLL Steven, Pamphlet Architecture 11-20, New York, Princeton Architectural Press, 2011.

ILLICH Ivan, La convivialité. Paris, Seuil, coll. Points Essais, 2014.

LEFEBVRE Henri, La production de l’espace, Paris, Economica, 2000.

MATHEWS Stanley et AURELI Pier Vittorio, Potteries Thinkbelt et Fun Palace, Éditions B2, 2004.

RANCIÈRE Jacques, Le partage du sensible, Paris, La fabrique, 2000.

RANCIÈRE Jacques, La haine de la démocratie, Paris, La fabrique, 2005.

SCOTT James C., Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États, Paris, La Découverte, 2019.

STRAUSS Erwin S., How to Start Your Own Country. Boulder, Paladin Press, 1999.

TAFURI Manfredo, Architecture and Utopia. Design and Capitalist Development, Cambridge, MIT Press, 1976.