Enseignement collectif regroupant plusieurs enseignant·es du DE INFRA : Antoine Barjon, Moussa Belkacem, Benjamin Colboc, Emma Filiponi et Antoine Viger-Kohler.
Ce cours développe une thèse rarement débattue dans les ENSA : l’architecture est une discipline qui s’étend bien au-delà de la seule production de bâti. Cette proposition a déjà quelques millénaires : dans le De architectura, Vitruve écrit que l’architecture englobe la mécanique, la gnomonique (c’est-à-dire la science des cadrans solaires) et la construction de bâtiments. Pour le dire autrement, la discipline architecturale, historiquement, articule donc :
1 – l’étude des structures au sens large (machines, écosystèmes, infrastructures, etc.) dans leurs mouvements et leurs transformations ;
2 – la tentative de mise en un ordre pérenne des différents éléments qui constituent notre monde ;
3 – et l’expérience matérielle d’une mise en œuvre bâtie.
En d’autres termes, l’architecture conçoit la production d’artefacts comme un moyen, et certainement pas comme une fin. Il s’agit toujours de construire pour une raison précise, et en vue d’un objectif particulier. Si les architectes transforment et édifient, c’est pour tenter de comprendre comment fonctionne notre monde et explorer les formes durables de son habitabilité. Ce qui est essentiel dans l’acte d’architecture, ça n’est donc pas l’objet bâti, le résultat final, mais bien le processus qui a permis d’y parvenir. L’architecture n’est pas un produit, mais une production. Cet enseignement est l’occasion d’explorer les diverses formes de cette production.
Il y autant de manière de concevoir un projet qu’il y a d’architectes. Le but de cet enseignement ne peut donc pas être de définir une « bonne » méthode, ou d’affirmer de manière péremptoire quel serait le « bon » processus de conception. Au contraire, ce cours propose d’être un espace empirique de construction d’une méthode et d’un processus propre à chaque étudiant·e. Nous proposons, à cette fin, d’intervenir au long de l’année sur divers sujets et expériences de projet qui nous singularisent en tant qu’enseignant·es ; il revient aux étudiant·es de construire la singularité de leurs discours à partir de ceux qui seront présentés au cours du semestre, avec leurs complémentarités, leurs divergences et leurs contradictions.