« Déplorant la déterritorialisation de nos sociétés qu’a engendrée la dématérialisation de l’industrie et de la finance, le philosophe Pierre Caye appelle à une reterritorialisation et voit dans la nature même de l’architecture un modèle qui pourrait inspirer ceux qui s’attellent à la transformation du système productif en vue de la durabilité de la production et de l’habitabilité du monde. » Emmanuel CAILLE D’A N°304
Reterritorialiser c’est questionner architectures et cultures constructives, milieux et ressources au prisme de la soutenabilité environnementale et de l’épaisseur géographique en deux approches complémentaires qui s’organisent entre architectures [S7] et sols [S8].
UN TERRITOIRE : PONT-SUR-YONNE, A LA CROISEE D’UN FRANCHISSEMENT DE L’YONNE ET D’UNE ACTIVITÉ PORTUAIRE.
Au carrefour de la Bourgogne, de l’Île-de-France et de la Champagne, la commune de Pont-sur-Yonne a gagné sa notoriété grâce à son emplacement stratégique, conjuguées à des ressources agricoles et industrielles.
La rivière d’abord et le chemin de fer ensuite
l’ont intégrée très tôt et durablement dans les circuits commerciaux.
La voie ferrée Paris Lyon Méditerranée, le développement des liaisons routières ainsi que la construction d’un nouveau pont et la démolition du pont historique a contribué ont déplacé les principaux flux, « vidant » les quais et le centre bourg de leurs activités.
A présent si les quais et les berges sont encore marqués par le potentiel du cours d’eau, ils demeurent un atout certain pour le bourg largement sous-utilisé aussi bien en termes d’activités que d’attractivités. Essentiellement consacré aux stationnements ainsi qu’à la voierie, il est certain qu’ils ne contribuent que marginalement à en valoriser le paysage et les usages.
Reterritorialiser l’architecture, construire durablement dans un territoire, cela nécessite des rapports concrets avec les milieux, croisant problématiques contemporaines et enjeux territoriaux, en repérant les ressources mobilisables pour penser et construire avec le climat, les paysages, les savoir-faire, la culture et l’économie locale, aussi bien qu’avec l’histoire des lieux et les particularismes de l’architecture vernaculaire.
UNE PROBLÉMATIQUE : HABITER LES COURS D’EAU.
De tout temps les ressources des cours d’eau n’ont cessé d’attirer les hommes qui ont cherché, à les apprivoiser, à les contrôler et à s’approprier leurs forces et leurs paysages. Habiter, travailler, circuler, autant de problématiques qui n’ont cessé d’attirer les hommes près des voies d’eau.
Pourtant actuellement les risques liés au réchauffement climatique causé par l’activité humaine appellent à une gestion de la ressource plus respectueuse de l’environnement. La question de l’eau, plus prégnante que par le passé, tant par ses débordements que par sa rareté dans certaines zones, doit-être comprise comme un incontournable des projets architecturaux et urbains.
UNE HETEROTOPIE CONSTRUITE : LES BERGES DE L’YONNE 2050.
Il s’agira pour cela de s’appuyer sur des projets envisagés par les élus, en les repositionnant, parfois en les complétant, ou bien, en en explorant de nouveaux.
Pêle-mêle, on peut citer la halte fluviale, le repositionnement du camping, la création d’activités en lien avec le transport fluvial, ou encore l’aménagement d’un équipement au droit des berges. L’ensemble de ces projets permettra de questionner la distribution des usages sur les quais et la définition de l’espace public, questionnant les rapports au cours d’eau, envisageant les berges comme des communs, ouvert aux loisirs, ainsi qu’aux mobilités et à la production.
Face au dérèglement climatique, à la montée des eaux, à l’érosion, aux risques d’inondations, de submersions et de pénurie d’eau potable, ces propositions se mobiliseront pour composer avec plutôt que pour lutter contre : Architecture, sur pilotis, ou encore amphibie, jardins en creux ou parcs fluviaux, sols poreux et renaturation, viseront une gestion du cours d’eaux, durable et écologique. Ces projets et la redécouverte de pratiques passées, comme le flottage, la baignade, ou l’exploration d’usages nouveaux, se mobiliseront, pour une synergie plus harmonieuse avec le cours de l’Yonne en particulier.
QUATRE SITUATIONS DE PROJETS S’ENTRELACENT, REDESSINANT LE «FRONT DE RIVIÈRE*» de Pont-sur-Yonne, afin d’en conforter l’attractivité en s’appuyant sur l’adaptation des architectures, de l’espace public et des paysages hérités.
_La première, quai des buttes :
Aménager un pôle d’activités en lien avec la desserte fluviale, en s’appuyant pour cela sur les bâtiments, aujourd’hui dédiés aux services techniques communautaires, qui pourraient être repositionnés dans la zone d’activités.
_La seconde, quai des veuves :
Installer une halte fluviale en s’appuyant sur les pontons existants.
_La troisième, quai de la république Installer médiathèque, salles associatives, petite restauration ainsi que l’aménagement des espaces extérieurs associatif.
_La quatrième, ile amont rive droite : repositionner le camping, aire de loisir et
baignade, en lien avec le centre bourg et le cours d’eau.
[* Bande de terre en bordure de rivière]