Espace public et paysage
Comprendre le non bâti / projeter l'espace extérieur avec ses composantes : l'infrastructure, les usages, le vivant, le cycle de l'eau, la production de la nourriture et de l'énergie.
L’enseignement se situe en fin de cycle Licence. Le cours ouvre à la question de l’aménagement des espaces non bâtis par le biais de l’approche paysagère.
Ce thème est abordé sous plusieurs angles : Il s’agit, à ce moment de l’enseignement d’architecture, d’approfondir les notions de relation entre bâti et non bâti, entre inerte et vivant, et plus largement entre paysage et architecture.
Pour cela, ce cours propose d’explorer un domaine récent, celui du paysage.
Jusque récemment, le paysage était entendu comme une scène composée, ou un morceau de nature spectaculaire. Dans les années soixante, émerge le concept de paysage tel que nous le comprenons aujourd’hui. Puis une nouvelle discipline de projet s’établit dans les années soixante-dix, celle du projet de paysage. Le cours développera les raisons de l’émergence de cette problématique du paysage, la façon dont elle interroge la société, la relation entre l’homme et la nature, la relation entre un bâtiment et son site, entre la ville et le vivant, et plus largement la pratique de l’architecture.
La transformation du paysage est en réalité fondée sur deux piliers dont l’analyse, en termes de « pratique de projet », sera développée dans ce cours :
- celui intemporel des pratiques traditionnelles des sociétés dans l’ aménagement de leur territoire,
- celui, ancestral et sans cesse réinventé de l’art des paysagistes, qui constitue la base du savoir-faire de l’aménagement des espaces publics, et plus largement de la valorisation de la nature et de l’environnement local.
Nos paysages sont le résultat de l'action des hommes sur leur environnement pour le rendre plus habitable et ce, depuis la nuit des temps. Les paysages que l’on aime ont été créés par la nécessité de travailler ensemble, d’aménager ensemble et donc de réfléchir ensemble pour s’abriter, pour mieux produire, pour mieux circuler, pour mieux vivre dans nos territoires.
Nos paysages sont le résultat d’une intelligence collective et de gestes infiniment répétés de façon ancestrale. Ils sont le fruit d’un équilibre savant conjuguant dans un rapport fertile les activités humaines avec les contingences naturelles. La raison de nos paysages n’est pas culturelle par essence, elle est nécessaire par besoin.
Nos paysages sont le résultat d’actions qui visent à rendre nos territoires mieux habitables. Ce que l’on aime dans nos paysages n’est pas tant leurs quantités vertes que d’admirer la matière grise qui œuvre à les valoriser.
Dans cet exercice, l'homme joue en permanence à agrémenter son écoumène : travailler avec les ressources locales, jouer avec le vivant, mobiliser des savoirs simples et intemporels pour créer des chemins, gérer des soutènements, travailler les micro-climats, valoriser les terrassements, penser les relations entre la ville et la campagne, entre l’homme et la nature comme un ensemble fonctionnel, entretenant un rapport cyclique associant besoins et ressources.
L'architecture est une des professions de l’aménagement, qui si elle traite de la transformation de l’espace, développe des « outils » et des attitudes souvent trop orientées vers l'objet architectural. L'enjeu de ce cycle est d'ouvrir aux questions de la relation entre le bâtiment et son environnement au sens large : le paysage urbain ou rural qui l'environne, la relation entre le bâtiment et le monde vivant, le rapport à l’espace public. Il s’agit de mieux appréhender la relation du bâti et de son site pour l’envisager dans un rapport de projet fertile.
L’art de « rendre habitable » le territoire que pratiquent les sociétés humaines depuis toujours (ou presque) a « fabriqué » nos paysages. S’intéresser à « l’art de la prise de site » à travers des exemples historiques réalimente la pratique d’une architecture localisée. Loin de s’intéresser à ressasser une histoire de l’art des jardins, il s’agit d’étudier l’histoire du projet du non bâti : du jardin, au parc, aux espaces publics et aux campagnes.
Enfin, le paysage, l’espace public et l’aménagement posent la question de la nature et plus largement du vivant dans le projet, en ville comme à la campagne. Comment penser aujourd’hui cette relation à l’heure du changement climatique, de la lutte contre les ilots de chaleur, du besoin de préservation de la biodiversité à la campagne mais aussi en ville, et plus largement de la préservation des ressources qu’elles soient inertes ou vivantes.
Les cours ouvrent largement sur ces questions actuelles en esquissant les réponses à ces enjeux de demain. Ils sont illustrés de nombreux visuels et notamment des projets réalisés ou à l’étude.
Le cours est associé à une journée de visite de site permettant de balayer les thématiques abordées.