Enseignement TPCAU - S6-G11 / « Habiter la ville »
Équipe enseignante
TPCAU Thibaut David et Marie-Caroline Piot
VT Giovanna Marinoni
SHS Joana Sisternas
RAISONS D’UN ENSEIGNEMENT
Le semestre 6 clôt en forme de synthèse le cursus de licence et constitue une charnière prospective sur le master. Il doit à cet égard permettre l’évaluation des acquis fondamentaux tout en ouvrant des perspectives sur des sujets centraux de la discipline. L’enseignement de projet y est plus que jamais l’objet de cristallisation des savoirs connexes. Il s’agit dans cette ultime étape du cursus de licence de donner l’opportunité aux étudiants de démontrer leur degré d’assimilation de ces savoirs et de se mettre en capacité d’aller au-delà de la question posée en démontrant l’existence d’une pensée critique et réflexive. Cela est concomitant – et ce n’est pas un hasard – à l’élaboration du rapport de licence, 1er véritable exercice écrit, qui implique une capacité à « énoncer clairement ».
Le « logement » – depuis trop longtemps associé au mot de « crise… », le désir de vivre mieux, le questionnement croissant sur les mobilités urbaines, l’urgence à apporter des réponses environnementales urbaines et architecturales, sont autant de thèmes centraux sur lesquels se positionne - le S6-G11 sous le titre « Habiter la ville ». NB - Ceci à l’instar de la plupart des écoles d’architecture françaises.
Il s’agit ici en bref de confronter les étudiants à cette problématique double et non fractionnable du « logement » et de la « ville ».
La période que nous traversons implique un changement de paradigmes comme il en existe seulement 1 à 2 par siècle. Ceci interdit aux enseignants toute forme d’immobilisme et impose un processus inventif d’évolution de la pédagogie tant sur le fond que sur la forme. L’enseignement s’apparentant ici à une préfiguration de la recherche où l’atelier est aussi laboratoire.
LE SUJET – 'HABITER LA VILLE'
Le cadre de réflexion vise à la constitution d’une « pièce urbaine » (Centre / Faubourg / Banlieue) de nature à répondre à toutes les interactions avec son environnement immédiat sans ignorer son impact sur un périmètre élargi. Le projet s’inscrit dans la compréhension du processus de sédimentation urbaine et de la responsabilité de l’architecte à cet égard. Le programme vise à la constitution d'une 'pièce urbaine' emprunte de mixité:
Espaces publics, collectifs et semi collectifs :
- Composition urbaine : La définition et le dessin des « vides »,
- Système viaire : Place / Parvis / Rue / Venelle / Passage / Porche (…),
- Les espaces partagés semi collectifs – « Autour / Dans / Sur » - le bâti,
- Jardin public.
Edifices :
- 60 / 70 logements collectifs (typologies diversifiées),
- 20 logements intermédiaires,
- 1 ERP : Programme en adéquation avec la morphologie et la localisation du site (ex. Gymnase / Piscine / petite salle de concert),
- Occupation des RDC, laissée à l’initiative des étudiant(e)s en relation avec leur « récit » : Commerces, activités, ateliers, habitation (…).
NB - La question automobile est abordée de façon spécifique en adéquation avec le site.
LE SITE
Le site joue un rôle déterminant, tant sur son potentiel de convocation des enjeux pédagogiques décrits supra, que sur la motivation des étudiants à les appréhender. Il présente les caractéristiques suivantes :
- Situé à Paris ou proche banlieue pour permettre un arpentage et plusieurs visites, accompagnées ou non. Elles sont étagées dans le semestre : la « charnière printemps » permet en effet d’apprécier sur 1 mois la métamorphose d’un lieu par l’état des ses constituantes végétales (floraison, feuillage etc.).
- Ni trop grand; les bâtiments et les logements doivent pouvoir être étudiés sur un intervalle d’échelle du 1/200ème au 1/50ème. La matérialité doit pouvoir être conçue et exprimée pour le bâti comme pour l’espace public,
- Ni trop petit; le travail de composition urbaine requiert une amplitude minimale,
Soit une surface de l'ordre d'un hectare,
- Avoir déjà fait l’objet d’une déconstruction pour offrir une meilleure appréhension des enjeux,
- Présenter - dans la mesure du possible - des échelles et problématiques variées qu’il s’agisse du tissus ou du système viaire environnants.
Ce site fait l’objet d’un travail préalable de cartographie urbaine. Les étudiants répartis en sous-groupes de 2/3 travaillent sur 2 axes majeurs :
- Travail de recherche historique et d’analyse thématique (dizaine de thèmes répartie dans les groupes),
- Relevé et représentation : Maquettes physiques 1/1000ème et 1/500ème / Coupes « territoriales » / Dessin des héberges / Maquette numérique / Ensoleillement / Plans .
La séance de restitution après 2 semaines de travail se fait en atelier (projection). Les informations des uns et des autres sont assemblées dans un tout qui constituera le socle commun à l’ensemble du groupe.
L’ESPRIT PLUTOT QUE LA RÈGLE
La norme n’échappe pas à une forme d’obsolescence (ce qui était vrai hier ne l'est plus aujourd’hui, et sera différent demain). Il s’agit ici davantage de transmettre les préoccupations et raisons objectives à l’origine des réglementations, de favoriser leur décryptage et de concevoir leur légitimité.
La pédagogie s’attachera ainsi à permettre de lire, comprendre et interpréter :
Accessibilité : 'Se mettre à la place de' / Rendre accessible à tous (…)
Sécurité incendie : Sauver des vies / Protéger / Evacuer,
PLU Considérer que le degré de liberté du projet envisagé est à mettre en perspective avec ses effets sur l’environnement pré existant,
RT Comprendre l'adéquation entre 'bilan thermique' et logique constructive, identifier les 'possibles' et leurs effet en matière énergétique,
Gestion E.P. L'intelligence de la 'captation' et de la ré-utilisation des eaux pluviales.
(…)
L’HABITER
La recherche sur le « logement » du XXIème siècle (et ses nouveaux usages) implique à la fois un esprit d’ouverture et un socle de connaissance de la production passée et présente. 1 semaine (certes insuffisante – cf. interdisciplinarité) est consacrée à ce travail. L’analyse d’une dizaine d’opérations emblématiques fait, là encore, l’objet d’une restitution projetée commentée et débattue.
La recherche sur les typologies de logements se fait parallèlement au travail de composition urbaine (par le biais notamment de « maquettes concept » et « figures ») ceci naturellement à des échelles différentes qui finiront par se rejoindre pour constituer un tout cohérent.
'Habiter le logement' c’est 'Habiter la ville'. Une énergie conséquente est consacrée à l’élaboration d’une atmosphère urbaine, à considérer des rez-de-ville - et non des rez-de-chaussée – et à qualifier et caractériser les seuils, du public à l’intime.
Le toit terrasse doit redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, c’est à dire accessible et utile. Ne fusse que pour contribuer à l’atmosphère des villes par sa végétalisation mais aussi comme espace habité.
TRANSVERSALITÉ / INTERDISCIPLINARITÉ
Le sujet de S6 / G11 est issu d’un processus d’expérimentation et de maturation. Il s’est enrichi sur une dizaine d’années d’échanges avec des personnalités extérieures et par la tenue de jurys croisés avec d'autres groupes (Notamment G8 et G13).
Pour ce qui concerne l’interdisciplinarité, objet majeur de la récente « réforme » du S6 TPCAU à l’ENSAPVS, l’équipe pédagogique s’est enrichie d'une 'connexion' transdisciplinaire avec :
Joana Sisternas - Docteur EHESS, pour le champ SHS
Giovanna Marinoni- Paysagiste DE, pour le champ VT.
Leurs interventions et leurs apports pédagogiques s’articuleront sous diverses formes en relation avec l’exercice de projet et son site.