1/ Le site CESURE à Paris
Le site proposé se situe dans le le 5e arrondissement de Paris qui, par son histoire, ses monuments et ses diverses institutions culturelles, est l'un des plus riches de la capitale. Très hétéroclite et proche du Quartier Latin, ce quartier conserve une forte mixité malgré le caractère bourgeois de certaines rues et boulevards. Il abrite un panel de résidences de logements sociaux de toutes époques, de grandes emprises culturelles, universitaires ou d’espaces verts, ainsi que des vestiges gallo-romains. Il était aussi traversé autrefois par la Bièvre, dont les travaux de recouvrement ont été l’objet d’une des nombreuses transformations du quartier au siècle dernier.
Le site CESURE « lieu des savoirs inattendus », ancienne université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, est aujourd’hui occupé par un dispositif d’urbanisme transitoire géré par PLATEAU URBAIN (fondateur des Grands Voisins entre autres) et YES WE CAMP. Outre une grande boutique EMMAÜS et un espace de restauration, de convivialité et de coworking, 200 entités occupent les locaux de 25 000m² : des artistes, des artisans, des associations… mais aussi des acteurs historiques locaux comme le Muséum d’Histoire Naturelle, l’université Paris 1, et des concepteurs en design, architecture ou paysage.
Ce lieu - ouvert à tous - se place dans une continuité avec son passé universitaire mais pose la question du devenir d’un îlot dédié aux savoirs, décloisonné, renaturé, reconfiguré dans son bâti, un lieu de vie dont les germes sont plantés dès aujourd’hui grâce à cette phase transitoire d’occupation temporaire. Il nous semble pertinent d’y envisager une forme d’habitat correspondant à sa vocation d’effacement des limites physiques et sociales et des inégalités.
Pour enrichir notre travail de ce semestre, nous serons amenés à rencontrer nos interlocuteurs de la FONDATION ABBE PIERRE, de PLATEAU URBAIN et de l’ESAJ. Cette dernière est une école de Paysage implantée à CESURE, dont les étudiants ont entamé une étude sur le quartier en partenariat avec la ville de Paris et PARIS HABITAT et avec qui il est prévu des temps de travail en commun, étudiants architectes et paysagistes.
Le site accessible librement 7/7 se trouve proche de l’ENSAPVS et peut se parcourir, se vivre à tout moment. En plus des temps d’échanges avec les partenaires occupants, les étudiants peuvent s’approprier les espaces et se frotter aux usages induits par sa morphologie structurelle et architecturale. La notion de « construire la ville sur elle-même », incontournable aujourd’hui, sera au cœur des réflexions, des débats et des projets de ce semestre. Le fait de pratiquer concrètement cet objet urbain jadis monofonctionnel et aujourd’hui réinvesti de multiples façons permettra aux étudiants d’en dessiner les contours de son futur en arbitrant finement sur les choix architecturaux à faire.
2/ Comprendre le territoire – l’analyse et le diagnostic
Connaitre le territoire est une condition de pertinence des propositions qui émergeront par la suite.
Plusieurs échelles d’analyse vont permettre d’identifier et de comprendre les problématiques du territoire et ses stratégies de transformation. Une approche cartographique et morphologique appuyée par l’enseignement transversal Ville et Territoire sera complétée par l’expérimentation sociologique du terrain.
Ce travail sera mené par groupe de 3/4 étudiants. Chaque équipe devra aboutir à une conclusion qui lui permettra de synthétiser et hiérarchiser les problématiques du territoire et d’orienter les propositions à venir.
3/ De l’analyse au projet - dessiner « un morceau de ville »
Localisé dans un site complexe et chargé d’histoire, le projet urbain prendra en compte son contexte territorial, historique, géographique, social et culturel qui conditionne sa composition. Dans un premier temps l’émergence d’un projet urbain permettra à l’étudiant d’être force de proposition dans le territoire analysé et d’esquisser des propositions. Au-delà des morphologies urbaines proposées, le projet devra engager une vision programmatique argumentée. Cette phase va permettre d’aborder les questions spécifiques liés aux composantes de l’espace urbain et de leurs vocations et celle du paysage, quel qu’il soit.
De manière pratique à cette occasion les projets devront s’approprier les outils de la représentation spécifiques à la grande échelle (1/2000ème, 1/1000ème ou 1/500ème) et les éléments de vocabulaire de l’urbanisme.
Dans la continuité du travail d’analyse chaque équipe va présenter une proposition concertée.
4/ Articuler ville et édifice - du projet urbain au projet architectural
Densité réelle ou densité ressentie ? Afin de répondre à l’urbanisation croissante et la raréfaction des terrains, le travail consiste à s’interroger sur la question contemporaine de la densité à travers la conception d’un fragment : un ensemble de logements.
Partant du constat que le logement est la matière première de la constitution de la ville, le projet suppose d’explorer les différentes typologies résidentielles en menant une recherche combinée sur l’assemblage des logements et son impact sur la forme urbaine en lien à l’espace public.
Après un partage du territoire du projet urbain proposé par l’équipe cette partie de l’exercice fera l’objet d’un travail individuel.
5/ Le projet architectural
Pour clore le semestre chaque étudiant aura l’occasion de porter au-delà de la proposition urbaine les contraintes induites par sa propre réflexion et de mesurer ainsi les conséquences lors de l’élaboration d’un projet d’architecture. Il pourra alors prendre le recul critique lui permettant de juger la pertinence de sa propre proposition urbaine antérieure et même d’y remédier s’il le juge nécessaire.
En s’appuyant sur l’observation prospective des pratiques sociales, l’étudiant doit concevoir des habitats attentifs aux modes de vie actuels. Il s’agit également d’investir la question du logement pour répondre aux nouveaux modes de vie basés sur la mixité ; mixité des usages, mixité sociale, mixité des typologies…
Dans le cadre de ce travail sur le logement collectif il est proposé d’articuler tradition et modernité, de revisiter les modèles traditionnels, de développer les questions de standards, de répétition. Tout en laissant une grande liberté dans les stratégies de mise en œuvre, le projet architectural doit aboutir à la réécriture d’une typologie conscience des usages avec une combinatoire intelligente, dans laquelle la répartition spatiale est optimisée et de mesurer l’interaction au contexte.