1.3 Contenu
Nous proposons de croiser quatre cinq approches :
1.31. La géographie et le paysage comme « contexte » support fondamental
La prise en compte de la grande échelle et de la forme globale du territoire constitue un préalable au projet architectural et urbain que vous allez développer. L’idée de paysage conjugue géographie physique et géographie construite – les aménagements anthropiques – comme ordonnancement du visible (tracés, parcs, infrastructures).
Il s’agit de comprendre et d’expliquer la géographie dans laquelle vous allez intervenir, l’organisation territoriale et son évolution, les grands systèmes paysagers, les principaux reliefs, les vues, les orientations…et considérer ces éléments comme le support de l’évolution du territoire.
1.32. Le sol et les éléments naturels comme projet
Le sol, sa topographie générale, sa perméabilité, l’orientations des versants, constituent le socle sur lequel vous allez intervenir. Vous devez comprendre son organisation, l’écoulement de l’eau qui l’a façonné, où sont situées les surfaces imperméabilisées et perméables, comment elles sont constituées et comment elles ont pu évoluer dans le temps.
Vous devez également vous intéresser à la couverture végétale et aux structures plantées qui qualifient le territoire.
Vous pourrez vous aider utilement de la vue aérienne pour vous aider à repérer les structures ponctuelles (arbres isolés, bosquets…), linéaires (alignements, mails,…) ou les boisements plus larges. L’ensemble de ses éléments deviennent désormais des éléments de patrimoine à protéger voire a ressourcer.
1.33. L’édifice comme composante d’un tissu urbain
L’édifice n’est pas appréhendé comme un objet, mais au contraire, comme l’élément d’une division, d’une partition de l’espace. Il s'agit d'étudier les formes (édifice-parcelle, voirie-espace public), et les processus (recomposition foncière, densification, réhabilitation, substitution) en testant et en vérifiant concrètement l'architecture des différents espaces mis en jeu.
1.34. Le renouvellement par fragments de la « ville territoire »
La ville territoire » évolue par fragments. Cela est renforcé dans le contexte émergent du ZAN (Zéro artificialisation Net) conduisant la ville à se figer dans ses limites et à se renouveler sur elle-même. Nous posons l’hypothèse que cette évolution peut trouver d’une manière ou d’une autre (échelle, forme, etc.…) sa cohérence et une certaine forme d’unité. Cette cohérence et cette unité sont notamment ordonnées par l’espace public et la voirie, mais aussi dans le rapport de la ville à la géographie, à l’histoire, ou encore dans les caractéristiques morphologiques des aires urbaines.
1.35. Les formes résidentielles de la ville territoire
Nous proposons de tirer les leçons de la « territorialisation des villes » au niveau des formes résidentielles à partir d’une double critique :
- critique du « résidentiel pur » et de l’étalement péri-urbain, en présentant des alternatives aux morphologies pavillonnaires de la grande périphérie ;
- critique de la « ville radieuse » et des espaces sans statut ni usage des « grands ensembles », de son incapacité à l’évolution et au renouvellement.
Dans le contexte désormais des territoires urbanisés sous pression de densification/ renouvellement qui fait écho à l'arrêt du modèle extensif de l'étalement urbain, nous rechercherons une expression typologique adéquate au rapport nouveau qui se dessine dans la « ville-territoire » entre résidence, espaces publics, espaces naturels, paysages.
Nous nous inscrivons pleinement dans un processus de « Reterritorialiser » tel que le décrit le philosophe Pierre Caye: « Déplorant la déterritorialisation de nos sociétés qu’a engendrée la dématérialisation de l’industrie et de la finance, le philosophe Pierre Caye appelle à une reterritorialisation et voit dans la nature même de l’architecture un modèle qui pourrait inspirer ceux qui s’attèlent à la transformation du système productif en vue de la durabilité de la production et de l’habitabilité du monde. » Emmanuel CAILLE D'A N°304
1.4 Un enseignement coordonné et collégial
Deux groupes de projet (Groupes 2, 4) se sont rapprochés pour partager un certain nombre d’objectifs et d’attendus pédagogiques en lien avec l’énoncé du semestre ‘ projet architectural et urbain’. Les échelles de la ville et du territoire comme support des questions architecturales (forme urbaine qui associe la forme et le projet architectural et celui de l’espace public et du paysage) et comme processus (avec comme horizon le palimpseste et les systèmes de tissu urbain) sont au cœur de cet enseignement. Ces groupes partagent ainsi dans leur diversité de point de vue et de savoir-faire un certain nombre de convictions considèrent structurants des acquisitions et des manipulations que les étudiants doivent maîtriser à l’issue du semestre :
• L’articulation de l’analyse et du projet
• L’articulation des échelles
• L’espace public, les sols et le paysage comme projet
• Le tissu urbain entendu comme interaction entre édifices parcelle et espace public
• La question architecturale constituée et ordonnée par la problématique urbaine
La matière première du projet sera ici le logement’ matière première des villes, inscrite dans des figures de projet, (paysagère, urbaine, architecturale, programmatique) ordonnées pour ne pas dire dessinées par l’espace public conforté souvent par sa dimension élargie à l’institution/ équipement.
Sur ce socle commun qui conduit à des méthodes et à un calendrier coordonné des études et des rendus (séquences et exercices partagés, analyse urbaine comme vecteur de projet, projet urbain comme figure d’ensemble, projet architectural comme résolution, vérification et illustration de cette figure, jurys croisés, TD transversal, intensif inaugural, ...), les deux groupes de projet proposent des visions et des préoccupations diversifiées.
1.5 TD transversal partagé
Le TD transversal est pensé comme intégré au projet, tant sur les apports théoriques et pratiques qu’il propose que dans son calendrier de travail et ses rendus. L’objectif est aussi ici de réduire la charge de travail de l’étudiant en évitant le risque de deux rendus isolés.
La transversalité devient ici celle des groupes de projet autant que celle des disciplines VT et SHS.
1.6 Site de projet et postulats
Les vallées de l'Oise, de l’Aisne et de l’Automne seront cette année les grandes figures géographiques du territoire de projet retenu pour les deux groupes de projet. Cette convergence géographique favorisera des jurys croisés, dans une logique pédagogique de comparaison des méthodes, des approches et des productions.
Le groupe 2 travaillera sur le territoire de l’agglomération de Compiègne. Aux portes de la plateforme aéroportuaire de Roissy, adressé sur la partie nord de l’espace métropolitain francilien et son centre parisien par la gare TER et l’A1, le territoire de Compiègne dessine un bassin de vie dynamique et une centralité de premier plan pour son territoire. Son histoire remarquable, sa géographie exceptionnelle et sa situation territoriale font de cette ville moyenne un site attractif tant sur plan résidentiel qu’économique.
Dans le contexte de crise climatique et de nécessaire maitrise foncière [ZAN], les territoires urbanisés de l’agglomération de Compiègne composent des territoires d’avenir pour habiter. De nombreuses situations hérités du développement moderne du XXème siècle apparaissent dégradés ou/et en attente d’une requalification pour être « habitables » et « désirables ». Ils ont ainsi un potentiel de développement résidentiel dont les formes et la localisation sur le territoire urbanisé peuvent contribuer au développement harmonieux et raisonné tout en constituant une réponse efficace à l'étalement urbain.
Le site conjugue plusieurs avantages pour mettre en œuvre les objectifs et les attendus du S6 :
La possibilité d’y aller par le train (TER, 45 à 55mn depuis la gare du Nord) permettant le travail de relevé et de vérification in situ.
Un territoire dans une géographie et une histoire exceptionnelle sous pression résidentielle
Une situation et une dimension territoriale et communale qui facilite la compréhension des enjeux de développement.
Une histoire urbaine sédimentée avec un tissu diversifié.
Le travail de l'atelier sera ordonné par ce contexte qui légitime et interroge une action de projet urbain et architectural à l'échelle de la ville insérée dans son territoire tout en pouvant aussi se fabriquer par fragments. Ces caractéristiques sont idéales pour diversifier le travail par sous-groupes tout en fédérant les travaux.
1.7 Corpus et exposés – Savoir-faire - Problématique
Les savoirs faire de l’analyse enseignés dans le cadre du TD partagé seront déclinés et approfondis dans la phase d’analyse et de compréhension du territoire.
Afin de consolider les acquisitions théoriques des CM S5 et S6, nous proposons de consacrer en début de chaque séance une heure à des exposés réalisés par les étudiants en binôme dans un corpus de références savantes choisis dans l’histoire des formes urbaines et en lien avec les sujets et thèmes de travail que suscitent le site :
- Pour ce qui relève du contexte géographique et naturel : relation ville nature, lisières, consistance de l’espace naturel péri urbain, gestion des eaux de pluies et enjeux écologiques…
- Pour ce qui relève des types : glossaire typologique adapté : maisons en bande, superposées, petits immeubles, petits collectifs etc….