www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/prendre-l-air-pour-attraper-les-songes-3128830
“Il y a du vol en nous” : pour Gaston Bachelard, l'air est une hormone de l'imagination sans cesse en mouvement qui nous fait grandir psychiquement. Comment rythme-t-il nos corps et transforme-t-il la pesante réalité en légèreté ? Comment faire une 'thérapie par le souffle de l'air' ?
Au début de son livre L’air et les songes, publié en 1943, Gaston Bachelard, qui a déjà écrit une Psychanalyse du feu et une analyse de l’eau et des rêves, précise qu’il sait bien que ce troisième élément, l’air, est particulièrement difficile à saisir pour le philosophe...
“Nous sommes conscients des difficultés de notre sujet, écrit-il. Bien souvent, nous nous sommes demandé si nous tenions un sujet. Est-ce un sujet que l’étude des images fuyantes ? Le mot aile, le mot nuage, sont tout de suite des preuves de cette ambivalence du réel et de l’imaginaire… Ce que nous demandons au lecteur, c’est de vivre ces états alternés, et de les réunir dans une ambivalence où l’on comprend que la réalité est une puissance de rêve, et que le rêve est une réalité.
L'invitée du jour :
Marie-Pierre Lassus, musicologue, directrice d’un master Arts et responsabilités sociales à l’Université de Lille
L’évident bonheur de respirer
Dans 'L’air et les songes', Bachelard nous explique qu’il n’y a pas besoin de sortir pour respirer puisqu’on peut le faire en restant chez soi, en lisant de la poésie… et même, en la lisant à haute voix. La poésie est une joie du souffle, une création du bonheur de respirer.
Marie-Pierre Lassus
www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/science-en-questions/la-nature-et-ses-imaginaires-2821352
Quel rapport l'Occident entretient-il avec 'la nature' qu'il définit comme le 'non-humain' ? Spécialiste des sociétés amazoniennes, l'ethnologue Philippe Descola interroge les images produites aux frontières de l'humain et de l'animal sous forme de masques ou de peintures corporelles.
Avec
• Philippe Descola Anthropologue, professeur au Collège de France.
Le physicien Etienne Klein et l'ethnologue Philippe Descola posent d'emblée la question de la définition du concept de nature, qu'en Occident, nous pourrions définir comme le « non-humain ». Un monde constitué de tout ce avec quoi nous sommes en interaction constante, c'est-à-dire les plantes, les animaux, les virus, le CO2 de l'atmosphère, l’air que nous respirons, le gibier que nous chassons, les glaciers s’il y en a dans notre environnement, et beaucoup d’autres choses encore. Les ethnologues ont montré une chose importante, décisive, l’équivalent pour eux sans doute de ce qu’a représenté la découverte de l’atome pour les physiciens : mis à part la société occidentale, 'aucune autre société humaine ne cohabite avec le monde non-humain sur le mode de la séparation'. Il n’y a pas,d’un côté, une nature qui serait close sur elle-même, et de l’autre, l’humanité qui serait une entité à part, installée avec sa culture à l’intérieur de la nature, le plus souvent dans une position de surplomb.
'Les frontières de l'humanité ne s'arrêtent pas aux portes de l'espèce humaine'
Comme le formule Philippe Descola dans son livre Par-delà nature et culture, partout ailleurs, hors de l’Occident moderne, « les frontières de l’humanité ne s’arrêtent pas aux portes de l’espèce humaine ». S’y trouve également inclus l’ensemble des « corps associés », ces entités que nous considérons, nous, comme subalternes et que nous reléguons pour cette raison « dans une simple fonction d’entourage ». À rebours de nos propres habitudes de pensée, dans toutes les autres cultures, les entités du monde non-humain sont considérées et traitées comme de véritables partenaires sociaux, avec lesquels on peut composer de mille et une manières différentes. Or, il est possible 'd'imaginer des formes alternatives de rapport au monde, différentes de celles que le capitalisme moderne a instituées, qui s'inspirent aussi d'expériences de collectifs alternatifs ou de façons différentes d'occuper des territoires, mises en œuvre en Europe et en France en particulier par les zones à défendre, notamment Notre-Dame-des-Landes (...) Des jeunes militants disent leur dégoût vis-à-vis d'un monde dans lequel les humains se sont séparés et mis en surplomb des autres qu'humains.'
Raymond Douglas Bradbury
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Et si une habitante de la planète Mars recevait en rêve la visite d’un homme étrange et troublant venant de la Terre ? Et si un monstre marin répondait à l’appel lancinant d’une corne de brume ?
Yll K. et Ylla K. habitent une maison toute en colonnes de cristal sur la planète Mars, au bord d’une mer vide. Ils ne sont pas vieux. Ils ont la peau cuivrée, les yeux pareils à des pièces d’or. Ils vivent ensemble depuis longtemps mais ne sont plus heureux. Un jour, Ylla fait un rêve étrange dans lequel lui est apparu un homme au physique invraisemblable : grand, des cheveux noirs, des yeux bleus, une peau blanche. Cet homme parlait une autre langue, et pourtant elle le comprenait, il lui disait qu’il venait d’une autre planète, la Terre, qu’il s’appelait Nathaniel York et faisait le premier voyage interplanétaire. Délicieusement troublée, Ylla décrit ce rêve à son mari et cela suffit à le rendre fou de jalousie, d’autant qu’elle fait un nouveau rêve, dans lequel l’homme l’embrasse, lui dit qu’elle est belle, et qu’il va venir l’embarquer dans son vaisseau pour l’emmener sur sa planète… Yll, qui a entendu sa femme parler pendant son sommeil, comprend qu’un vaisseau s’est posé non loin de chez eux…
Lue par Elodie Huber
Ylla, traduit de l’américain par Jacques Chambon et Henri Robillot, est publié aux éditions Denoël dans Chroniques martiennes. La nouvelle a été publiée pour la première fois en janvier 1950 sous le titre I'll not Look for Wine dans le magazine MacLean’s.
Suivie de
La Corne de brume (The Fog Horn) traduit de l’américain par Richard Negrou (traduction révisée par Philippe Gindre) est publié chez Denoël dans le recueil Les Pommes d’or du soleil (The Golden apples of the sun).
Une nuit de novembre, tout en haut d’un phare enveloppé de brouillard, au beau milieu des eaux glacées de l’océan, McDunn, le vieux gardien, révèle au narrateur un secret. Chaque année à cette date, un monstre des Profondeurs de la mer répond à l’appel lancinant de la Corne de brume, traversant un million d’années d’eau et de brouillard. On entend alors le cri de la créature, peut-être la dernière de son espèce, qui attend, seule, depuis des millions d’années, quelqu’un qui n’est jamais revenu.
Une célèbre nouvelle de Bradbury aux échos de Lovecraft.
Lien vers 'L'homme qui plantait des arbres' : lettres.ac-versailles.fr/IMG/pdf/jean_giono_-_l_homme_qui_plantait_des_arbres_pdf_1_2_.pdf