« L’ARCHITECTURE COMME MODIFICATION »
Aurelio Galfetti disait toujours « Conserver, c’est transformer ».
Qu’il s’agisse d’un patrimoine ancien, ou d’un patrimoine plus récent, pour conserver, il faut savoir créer.
Nombreux sont les exemples remarquables d’architectures de la modification, à travers l’histoire de l’architecture, depuis le projet d’Andrea Palladio pour la basilique de Vicence jusqu’au projet de Carlo Scarpa pour le musée de Castelvecchio à Vérone, mais également le projet de l’hôpital de Venise de Le Corbusier. Aujourd’hui, l’intervention sur l’existant représente une part de plus en plus importante dans l’activité de l’architecte, ce qui a des répercussions à l’échelle patrimoniale, urbanistique et environnementale. Au-delà même des enjeux patrimoniaux, la réutilisation de constructions existantes est le pivot d’une conception architecturale et urbaine privilégiant l’idée d’un environnement durable : il s’agit d’une démarche qui valorise les centres anciens et s’oppose à l’étalement des villes engendré par une urbanisation galopante.
Travailler avec l’existant, c’est travailler avec le contexte, que cela soit celui de l’édifice, de la ville, ou du paysage. Un bâtiment est toujours construit pour une fonction précise : habitat, industrie, équipement, et s’adapte au site dans lequel il prend place. L’évolution historique des usages ou des contextes, est parfois plus rapide que l’usure des murs. De nombreux édifices trouvent une nouvelle destination : des châteaux sont transformés en bureaux, des gares en musées, des usines en lofts… Tout projet architectural est une modification de l’état existant du monde, et demande une attention particulière aux traces laissées par le temps.
La réutilisation de structures anciennes pour de nouvelles fonctions, la mixité des programmes, l’adaptation des matériaux anciens nécessitent bien souvent de faire appel à des solutions innovantes pour répondre aux contraintes actuelles : si l’innovation consiste à rompre avec les habitudes et à créer de nouvelles solutions, la complexité des situations contemporaines engage notre capacité d’imagination plus encore que par le passé, et devient un enjeu majeur du XXIème siècle… Ces thèmes sont fort différents des thèmes du début du XXème siècle liés à l’expansion et à la production, et doivent être envisagés avec la conscience que le patrimoine existant peut être utilisé comme un véritable matériau du projet d’architecture.
Le thème « Transformer l’existant » consiste à envisager le devenir d’un site, ou d’un édifice spécifique. Chaque intervention architecturale contemporaine rejaillit sur le territoire élargi de la ville et du paysage. La reconstruction de la ville sur la ville, engage la compréhension d’une complexité urbaine entrelacée, issue de sédimentations successives. C’est l’opportunité de confronter plusieurs préoccupations: artistique, culturelle et scientifique. L’activité intellectuelle créative procède d’une « recherche patiente », conduite de deux attitudes simultanées et interfécondes : découverte et invention. Ces deux attitudes se confondent en deux états privilégiés de la conscience : le désir et le plaisir. Le cheminement de toute pensée architecturale doit réunir simultanément le plaisir de la découverte (l’analyse), et l’invention d’un désir (le projet). Il s’agit de découvrir, dévoiler, reconnaître au sens fort de manière inventive : « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible » nous rappelle Paul Klee.
TRANSVERSALITE :
L’observation de la réalité fondatrice du projet n’est pas une observation neutre et objective : elle est guidée par une intentionnalité subjective et par un désir d’invention architecturale. Il s’agit de décrypter par une observation minutieuse une situation, un édifice précis, de l’éprouver physiquement, le mesurer, d’en repérer les usages, d’en révéler les qualités... Il s’agira de déceler in vivo, la racine et la puissance d’un espace délaissé à participer à la vitalité renouvelée d’un territoire. Il s’agira in vitro d’élargir une culture, d’une certaine manière encyclopédique au sens où elle s’intéressera aux multiples champs disciplinaires transversaux qui traversent l’architecture. Ils sont nombreux : artistiques, anthropologiques, historiques, littéraires, cinématographiques, scientifiques, techniques, etc.…
Dans cette perspective, l’enseignement du projet sera conduit dans un souci de transdisciplinarité en convoquant toutes les connaissances nécessaires au projet architectural : Histoire (SHS), Dessin à la main (ATR-Art Plastique), Infographie (ATR-Numérique), Structure et Enveloppes (STA-Construction).