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  • S5- 10 La fabrique du projet

Projet 5

Semestre 5

Groupe 11 - Nathalie Regnier-Kagan et Nabil Hamdouni [E0511130]

Enseignant(s) : Nathalie Regnier-Kagan,Nabil Hamdouni

  • Année : 3
  • Semestre : 5
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

« L’ARCHITECTURE COMME MODIFICATION »

 

Aurelio Galfetti disait toujours « Conserver, c’est transformer ».

 

Qu’il s’agisse d’un patrimoine ancien, ou d’un patrimoine plus récent, pour conserver, il faut savoir créer.

 

Nombreux sont les exemples remarquables d’architectures de la modification, à travers l’histoire de l’architecture, depuis le projet d’Andrea Palladio pour la basilique de Vicence jusqu’au projet de Carlo Scarpa pour le musée de Castelvecchio à Vérone, mais également le projet de l’hôpital de Venise de Le Corbusier. Aujourd’hui, l’intervention sur l’existant représente une part de plus en plus importante dans l’activité de l’architecte, ce qui a des répercussions à l’échelle patrimoniale, urbanistique et environnementale. Au-delà même des enjeux patrimoniaux, la réutilisation de constructions existantes est le pivot d’une conception architecturale et urbaine privilégiant l’idée d’un environnement durable : il s’agit d’une démarche qui valorise les centres anciens et s’oppose à l’étalement des villes engendré par une urbanisation galopante.

 

Travailler avec l’existant, c’est travailler avec le contexte, que cela soit celui de l’édifice, de la ville, ou du paysage. Un bâtiment est toujours construit pour une fonction précise : habitat, industrie, équipement, et s’adapte au site dans lequel il prend place. L’évolution historique des usages ou des contextes, est parfois plus rapide que l’usure des murs. De nombreux édifices trouvent une nouvelle destination : des châteaux sont transformés en bureaux, des gares en musées, des usines en lofts… Tout projet architectural est une modification de l’état existant du monde, et demande une attention particulière aux traces laissées par le temps.

 

La réutilisation de structures anciennes pour de nouvelles fonctions, la mixité des programmes, l’adaptation des matériaux anciens nécessitent bien souvent de faire appel à des solutions innovantes pour répondre aux contraintes actuelles : si l’innovation consiste à rompre avec les habitudes et à créer de nouvelles solutions, la complexité des situations contemporaines engage notre capacité d’imagination plus encore que par le passé, et devient un enjeu majeur du XXIème siècle… Ces thèmes sont fort différents des thèmes du début du XXème siècle liés à l’expansion et à la production, et doivent être envisagés avec la conscience que le patrimoine existant peut être utilisé comme un véritable matériau du projet d’architecture.

 

Le thème « Transformer l’existant » consiste à envisager le devenir d’un site, ou d’un édifice spécifique. Chaque intervention architecturale contemporaine rejaillit sur le territoire élargi de la ville et du paysage. La reconstruction de la ville sur la ville, engage la compréhension d’une complexité urbaine entrelacée, issue de sédimentations successives. C’est l’opportunité de confronter plusieurs préoccupations: artistique, culturelle et scientifique. L’activité intellectuelle créative procède d’une « recherche patiente », conduite de deux attitudes simultanées et interfécondes : découverte et invention. Ces deux attitudes se confondent en deux états privilégiés de la conscience : le désir et le plaisir. Le cheminement de toute pensée architecturale doit réunir simultanément le plaisir de la découverte (l’analyse), et l’invention d’un désir (le projet). Il s’agit de découvrir, dévoiler, reconnaître au sens fort de manière inventive : « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible » nous rappelle Paul Klee.

 

TRANSVERSALITE :

L’observation de la réalité fondatrice du projet n’est pas une observation neutre et objective : elle est guidée par une intentionnalité subjective et par un désir d’invention architecturale. Il s’agit de décrypter par une observation minutieuse une situation, un édifice précis, de l’éprouver physiquement, le mesurer, d’en repérer les usages, d’en révéler les qualités... Il s’agira de déceler in vivo, la racine et la puissance d’un espace délaissé à participer à la vitalité renouvelée d’un territoire. Il s’agira in vitro d’élargir une culture, d’une certaine manière encyclopédique au sens où elle s’intéressera aux multiples champs disciplinaires transversaux qui traversent l’architecture. Ils sont nombreux : artistiques, anthropologiques, historiques, littéraires, cinématographiques, scientifiques, techniques, etc.…

Dans cette perspective, l’enseignement du projet sera conduit dans un souci de transdisciplinarité en convoquant toutes les connaissances nécessaires au projet architectural : Histoire (SHS), Dessin à la main (ATR-Art Plastique), Infographie (ATR-Numérique), Structure et Enveloppes (STA-Construction).

Contenu

Le mot « Edifice » renvoie directement au verbe édifier, ce qui ne veut pas dire seulement bâtir, mais aussi éduquer, établir, fortifier, instruire. La racine latine aedificatore, de aedes : bâtiment, ficare : faire, contient implicitement l’idée d’œuvre rendue publique. (Kenneth Frampton , le sens de la ville).

 

Le projet d’édifice contient 3 dimensions : la dimension urbaine, la dimension de l’usage, la dimension constructive :

 

La dimension urbaine : l’Edifice fait la ville. Il est générateur d’espace public aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, il est fédérateur dans la ville

 

La dimension de l’usage : le programme d’Ecole de Musique et de danse nous amènera à développer une réflexion poussée sur l’usage, le fonctionnement, mais aussi la lumière, en relation avec la structure constructive. Le programme doit permettre l’appréhension des différentes échelles : passer de l’échelle de l’individu : le danseur, le musicien, à l’espace de la collectivité.

Il s’agit de savoir qualifier, identifier la notion d’édifice dans sa signification propre : « ce qu’un bâtiment veut être » (what a building wants to be, Louis Kahn). En même temps, d’être capable de développer un espace intérieur dans sa relation au corps humain : lumière, texture, enveloppe, structure, mobilier.

 

La dimension constructive : l’espace de la structure. « L’architecture est autant un problème de construction et de structure que d’espace et de forme abstraite. » (Kenneth Frampton, Studies in tectonic structure). L’objectif est d’aborder la question de la matérialité de manière approfondie pour rendre possible l’intention architecturale.

 

Le projet s’inscrira dans un contexte existant et s’inscrira dans une structure dont les dimensions des éléments porteurs seront connus, les matériaux réutilisés et repensés comme fondement de la conception et de la perception de l’espace, l’épaisseur du bâti.

 

LE LIEU:

Le site choisi se développe à Ivry, dans une zone en cours d’aménagement par la ville, pour répondre à de nouveaux besoins. Il ne s’agit pas de se confronter à un « monument historique », mais de s’intéresser à une structure existante, à réutiliser, avec des choix à faire sur les parties à conserver ou à démolir et à implanter un nouveau programme qui va se confronter à la mitoyenneté. L’identification du lieu prendra en compte le « déjà là » : à l’échelle territoriale et locale, mais constituera également une projection dans l’avenir. L’interaction entre les intentions spatiales engendrées depuis l’intérieur, et la réflexion urbaine doit amener l’étudiant à définir sa propre méthode de travail. L’analyse de l’existant est avant tout une découverte, un regard, mais aussi une interprétation : c’est déjà un projet en soi, une exploration sur la capacité d’un lieu à produire un espace.

 

L’OBJET :

Aujourd’hui, l’augmentation constante des effectifs dans les Conservatoires en Région parisienne, la difficulté d’y accéder, et la volonté d’ouvrir la fréquentation du conservatoire à un plus large éventail de populations, entraine la nécessité de la création de lieux socio-culturels dans la ville à l’image des « friches culturelles », pour se réunir, se former, se cultiver, travailler, exposer, écouter des concerts, voir des spectacles, ou se détendre, à l’usage des jeunes, mais également de toutes les générations de la population voisine. Pour répondre à cette demande, l’objet de l’étude associera donc un programme d’Ecole de musique et de danse lié à la création d’un espace extérieur public en prolongement des espaces intérieurs, pour apporter une respiration dans la ville.

Le conservatoire de danse :

Rechercher cet étranger intime : de la salle de danse « idéale », où le corps est l’échelle de toute spatialité enveloppante, vers l’édifice dans son ensemble, il s’agira de créer à partir de l’expérience individuelle de la perception sensible d’un espace architectural. En composant l’espace autour de soi, on s’attachera à chaque instant à analyser la prise de conscience de ses propres perceptions, au repos ou en mouvement, et à écrire la chorégraphie des déplacements et des parcours.

Le conservatoire de musique :

L’écriture musicale partage de nombreux élément lexicaux avec le projet : composition / structure/ mesure/ intervalle/silence / pause/ soupir/ mélodie / harmonie / rythme/ binaire / ternaire/noire / blanche/ intervalle/ polyphonie/tonalité/majeur / mineur/thème / modulation / improvisation/contre-point /canon/tierce /quinte /octave/ballade... La mesure de chaque espace sera rythmée par la structure constructive et spatiale.

 

L’espace vert sera conçu comme un prolongement en contre-point du bâti, une respiration dans cet îlot urbain actuellement en friche.

 

LES MODALITÉS DU PROJET :

 

-Recherche théorique : analyse d’une référence prototypique

 

-Etude de l’espace commun : le foyer spatial, développé sous forme de maquette pour envisager la question de la lumière, de la distribution, du parcours, la relation à l’extérieur, la question structurelle.

 

-La figure urbaine : permettra à partir d’un organigramme/idéogramme, de proposer une répartition des fonctions dans le site selon une hypothèse urbaine à définir.

 

-Le développement du projet: une distinction sera faite entre les espaces uniques: l’auditorium, le hall d’entrée, l’espace du hall, la cafétariat, l’espace extérieur, et les espaces répétitifs: la salle de danse, les salles de musique, les salles de cours, les bureaux de l’administration. Les thèmes abordés seront celui de la lumière naturelle, de la matérialité, de la structure, de l’enveloppe, du parcours, de la composition, de la relation au paysage urbain. Il s’agit d’une pensée dialectique de la partie et du tout.

Travaux

Travail en plans, coupes, perspectives, axonométries structurelles, maquettes numériques et maquettes réelles.

Bibliographie

Pierre-Alain Croset, « L’architecture comme modification », programme EPFL