S5- 10 La fabrique du projet

Projet 5

Semestre 5

Groupe 09 - Emmanuel Doutriaux et Louise Morin [E0511090]

Enseignant(s) : Emmanuel Doutriaux,Louise Morin,Edith Akiki

Année : 3
Semestre : 5
Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

EN MUTATION : CLIMAT COMMUN _ ART ET ARCHITECTURE

En appui sur l’enjeu de la « transformation/mutation » d’un site (qui est la thématique semestrielle du S5), les axes pédagogiques et de recherche semestriels s’orientent sur des enjeux ambiantiels et de confort (quels climats pour nos architectures ? quelles qualifications sensibles, quelles quantifications objectives pour leurs ‘atmosphères’ ?), et sur des enjeux programmatiques et sociétaux (quelles relations entre œuvres, équipements, services, et personnels et publics en nos architectures ? quelle place pour le commun ?).

Cela, outre un axe de travail spécifique cette année 2024-25 portant sur la relation de l’art à l’architecture, du fait du site d’application de ces enjeux qui portera sur l’installation à Pantin du Centre national des arts plastiques (Cnap).

Contenu

UNE SITUATION RÉELLE

Le site anciennement industriel et logistique de Pantin voit donc actuellement le transfert et le regroupement des services et collections du Centre national des arts plastiques (Cnap), jusqu’alors dispersés en plusieurs emprises franciliennes.

Le groupe de projet va être plongé en situation « réelle », puisque notre semestre se déroule en simultané avec une séquence de chantier sur site (livraison prévue en 2027) faisant suite à la décision politique du transfert, puis à la phase de programmation, et enfin à la consultation des équipes de maîtrise d’œuvre (avec le choix des architectes Bruther et Data).

Aussi serons-nous en contact étroit, tant avec la maîtrise d’ouvrage (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture : Oppic), la maîtrise d’usage (équipe du Cnap), qu’avec les architectes (Data et Bruther).

DE LA TRANSFORMATION

En faisant – à l’instar du Cnap lui-même – le choix d’un site territorial et architectural « ordinaire », sinon banal, l’enseignement du projet transforme le sens conféré à la notion de patrimoine attachée à la grille pédagogique du semestre, en la dissociant de celle d’identité territoriale, pour en évaluer avant tout le potentiel programmatique, structurel et conceptuel.

Cette question de la transformation porte sur la capacité de mutation d’un édifice « sans qualité » (sans autre qualité que d’être flexible et adapté à son usage futur) à être sujet à actualisation / transformation / déplacement / extension.

Le travail s’inscrit aussi dans une entreprise de pédagogie-recherche donnant lieu à valorisation et diffusion, que cette expérience pourrait poursuivre (expositions aux Panorama du Fresnoy en 2018 et 2021, à l’Esaaa en 2022 et 2023, communications et publication EnsaEco 2019-2022).

Dans le sens le plus strict, la transformation s’envisage donc au titre des enjeux climatiques et matériels de reprise en charge d’une partie significative de cet existant architectural (surface planchers du hangar : 25 000 m2 env.), outre son augmentation possible sur l’emprise foncière disponible.

La notion de « transformation » est considérée aussi au sens large, en son rapport au temps, et ses implications théoriques. Elle dépasse l’histoire matérielle d’un édifice pour se situer au sein d’une histoire culturelle en y incluant des pratiques et des concepts opérationnels.

CLIMAT et COMMUN / ART et ARCHITECTURE

Cette matrice pédagogique de la transformation traite donc d’un faisceau de questions où se joue la complexité du projet :

- Enjeux constructifs de restructuration architecturale, avec en particulier le concours d’un ingénieur structure

- Question du climat, de l’ambiance et du confort, avec en particulier le concours d’une enseignante experte en bioclimatique

- Question du commun, tant au regard d’un rapport à l’œuvre « faite » ou « à venir » (statut de l’expérience, inscription dans la société), du fonctionnement d’une équipe de travail (gouvernance), de ses relations aux visiteurs (le propre/le commun/le public), avec le recours d’expertises à ce propos

- Relation de l’art à l’architecture, tant au titre de la question de la réserve muséale, que de celle de la muséologie et de la scénographie, avec le concours d’enseignants experts au titre de la théorie et de l’histoire, et de leur pratique

L’encadrement du projet est assuré par Emmanuel Doutriaux et Louise Morin.

Sont proposés deux TD associés à cet enseignement :

- TD structure/matérialités dans son évaluation du potentiel de conception (Vincent Baumann)

- TD histoire : identification des enjeux théoriques, matériels et iconiques du projet architectural et pédagogique du programme (Carmen Popescu et Hugues Fontenas)

Un enseignement associé, dédié ambiances, est prolongé sur des bases antérieures (Edith Akiki).

Sera proposé aussi un accompagnement à la modélisation numérique de l’existant (Yann Auger).

Cette approche est pensée sur le plan technique en tant qu’elle est matière à projet, à artefact, en en donnant une traduction sensible, matérielle et énergétique, visible et invisible (pour faire référence à la proposition de la biennale Bap ! à Versailles du printemps 2022).

Il nous intéressera ainsi d’excéder à travers les prismes public/commun/propre, et visible/invisible, tant la dimension normative de la notion de confort (ambiance sensible), que la définition programmatique des surfaces (commun disponible).

CONCEPTION

En outre la leçon des enjeux artistiques tels qu’ils émergent dans les collections du Cnap, accuse tant la nécessité de comprendre la structure et l’expression architecturale du projet d’origine, que de saisir l’interface images/matières des projets artistiques, architecturaux et de design qui y seront développés et la mutation de la production à laquelle ils engagent. La dimension processuelle et collaborative du numérique, et ses interfaces possibles avec l’artisanat contemporain, interpelle la nature de la conception et de la fabrication, sur les séquences modélisation et simulation (en amont du projet), évaluation (en aval du projet). Elle interroge aussi l’iconique du projet à venir, et son esthétique, au sens fort du terme.

Travaux

Travail continu, séquencé en phases, ponctué de points d’étapes, dont des présentations intermédiaires et une présentation finale (fin du semestre).

Une veille scientifique et technique du sujet sera assurée en continu pendant le semestre.

En pleine cohérence avec la problématique et le programme, il est attendu une très forte implication des étudiantes et étudiants dans le collectif, avec cette visée du commun. La production de groupe, en équipes de projet, sera largement encouragée.

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE (indicatif)

Banham Reyner, The architecture of well-tempered environment, 2° ed., Londres, The architectural press, 1984 (1ère ed. 1969)

Daniel A. Barber : “After Comfort” by Daniel A. Barber (Log 47, 2019), et e-fluxArchitecture : After comfort, a user’s guide

Brand Stewart, How Buildings Learn, what happens after they’re built, Penguin Books, 1995

Coriat Benjamin (dir.), Le retour des communs, la crise de l’idéologie propriétaire, Les liens qui libèrent, 2015

Doutriaux Emmanuel, Conditions d’air. Politique des architectures par l’ambiance, Genève, MétisPresses, 2020

Ghyoot, Devlieger, Billiet, Warnier, Rotor, Déconstruction et réemploi, comment faire circuler les éléments de construction, Lausanne, Ppur, 2018

Heschong Lisa, Volupté thermique, Marseille : Parenthèses, 1981 (ed. orig. : 1979)

Irigaray Luce, L’oubli de l’air – chez Martin Heidegger, Paris : Minuit, 1983

Latour Bruno, Nous n’avons jamais été modernes, Paris, La découv/Poche, 2006 (ed. orig. 1991)

Nicolas-Le Strat Pascal, Le travail du commun, St Germain sur Ille, Ed. du commun, 2016

Rahm Philippe (dir.), Histoire naturelle de l'architecture, Comment le climat, les épidémies et l'énergie ont façonné la ville et les bâtiments, ed Pavillon de l’Arsenal, 2021

Sloterdijk Peter, Ecumes – Sphères III, Hachette littérature, 2005 (ed orig 2003)

Tschumi une architecture en projet : Le Fresnoy, Paris, ed. Centre Pompidou, 1993

Thèses de doctorat :

Bosqué Camille, La fabrication numérique personnelle, pratiques et discours d’un design diffus. Enquête au cœur des FabLabs, hackerspaces et makerspaces, de 2012 à 2015, Université Rennes 2, 2016

Revues et ouvrages collectifs :

Climats, In Folio, Ensa Paris-Malaquais, 2012

Faces n°60, Air ; n°63, Energie ; n° 67, Atmosphère , Genève, 2005, 2006, 2010

Verb : Conditionning, Actar, Barcelone, 2005

Volume, n°37: « Is this not a pipe? », Archis, Amsterdam, 2013

Volume, n°45: « Learning », Archis, Amsterdam, 2015

ARCHITECTURES DE RÉFÉRENCE (indicatif)

Adjaye David: Idea store Whitechapel, Londres

Alvéoles de Saint Nazaire par 51n4e et Bourbouze Graindorge

Assemble et BC Architects, Parc des Ateliers, Fondation Luma, Arles

Béal et Blanckaert, Bazaar StSo à Lille

Patrick Bouchain : Friche Belle de mai à Marseille, et autres fabriques culturelles

Brandlhuber Arno: San Gimignano Lichtenberg + reconv. église Ste Agnès en Centre Culturel, Berlin

Carmody Groarke, Mackintosh Hill House

Lina Bo Bardi : Sesc Pompeia, Sao Paulo

Bruther (Alexandre Theriot et Stéphanie Bru): Le dôme, Caen, et autres projets

ChartierDalix, gymnase et groupe scolaire à Boulogne-Billancourt

Ensamble Studio, Maison Can Terra

Jung architectes, reconversion des Magasins généraux à Pantin, 2016

Kalisz Jacques (centre administratif de Pantin), Robain Antoinette et Guieysse Claire (réhabilitation en Centre national de la danse)

Lin/Finn Geipel : Cité du design à St Etienne

Lacaton et Vassal : Ensa Nantes, et autres projets

Lipsky et Rollet : Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau

Oma : McCormick Tribune Campus Center, IIT, Chicago ; médiathèque Tocqueville, Caen ; fondation Prada, Milan

Projets de Philippe Rahm

Sanaa : Rolex learning center, Epfl, Lausanne