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  • S3- 10 La fabrique du projet

Projet 3

Groupe 05 - Sergio Rodrigues, David Dottelonde, Adrien Durrmeyer (partiellement en anglais) [E0311050]

Enseignant(s) : Sergio Rodrigues,David Dottelonde,Adrien Durrmeyer,Philippine Aprile Mandillon

  • Année : 2
  • Semestre : 3
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

Des structures et des corps

Architecture et occupation

 

Réduit à sa plus simple expression, un projet d’architecture pourrait se résumer à ceci : une structure immobile occupée par des corps en mouvement. Aussi minimale qu’elle puisse paraître, cette définition soulève pourtant un certain nombre de questions épineuses ; quelle structure, avec quels matériaux et, par conséquent, pour quelle condition spatiale ? Comment l’édifier, selon quelles règles et suivant quels critères ? Pourquoi construire ceci plutôt que cela, à quelle fin, où et dans quel cadre ? Et puis qu’y faire, avec qui, avec quoi, quand, jusqu’à quand ?

 

Nous proposons d’aborder ces interrogations à travers l’exploration de deux principes structurels élémentaires : la construction filigrane et la construction massive. Toutes deux engagent une réflexion singulière sur la dialectique plein/vide : en construction filigrane, le projet se conçoit depuis les notions d’ossature, d’assemblage et d’articulation. En construction massive, le projet se conçoit depuis les notions d’inertie, d’appareillage (ou de coulage) et de percement. Bien qu’elles soient autonomes, ces deux logiques n’en sont pas moins complémentaires ; à travers une série de projets, nous tenterons de développer la richesse intrinsèque des mises en œuvre propres à chaque matériau, les potentialités spatiales qu’elles permettent, et les possibles usages qui en découlent.

 

Ce semestre est aussi l’occasion d’une réflexion collective sur la notion d’équipement. Définie a priori comme un édifice ouvert à toutes et tous, cette catégorie programmatique large interroge inévitablement les conditions politiques, économiques et sociales du commun : comment faire société, comment agencer notre quotidien, quelles règles minimales devons-nous établir pour vivre ensemble, quelles limites fixer aux libertés individuelles afin de garantir la plus grande liberté collective ? En d’autres termes, comment un projet d’architecture participe-t-il à l’organisation de notre société ?

 

Notre pédagogie propose aux étudiant·es d’aborder l’ensemble de ces questions avec la plus grande ouverture intellectuelle et formelle. Libres à elles et eux, à partir de cette dialectique entre forme et usage, de construire une réflexion singulière, autonome et critique. Notre ambition n’est pas de les conformer à une pensée et une pratique de l’architecture prédéterminée ; elle est, au contraire, de les accompagner dans une démarche personnelle visant à concevoir des alternatives désirables face aux logiques mortifères du monde contemporain.

Contenu

Ce travail s’organisera au long du semestre selon trois projets principaux, eux-mêmes subdivisés en plusieurs exercices intermédiaires. Les projets s’articulent les uns aux autres selon une logique évolutive, permettant aux étudiant·es d’approfondir les notions abordées dans un projet précédent durant la conception du projet suivant.

 

1. La grille, l’objet et l’événement

Ce projet aborde les questions structurelles essentielles relatives aux modes de construction massif et filigrane. Il s’agira de concevoir trois petits édifices de bureaux : un en ossature filigrane, un autre en strates massives, puis un dernier articulant les deux systèmes précédents.

Durée : 6 semaines (2+2+2)

 

2. Palace

Cet exercice proposera aux étudiant·es de concevoir un vaste abri sur un terrain situé à Aubervilliers. Il sera l’occasion d’un double travail sur l’organisation programmatique et la définition d’une structure capable de franchir une grande portée.

Durée : 2 semaines.

 

3. Dissensus

Nous proposons aux étudiant·es de concevoir une collection de structures dédiées aux pratiques politiques alternatives : leurs espaces doivent questionner les formes d’échanges et de de délibération contemporaines, dont on voit bien qu’elles semblent épuisées. Pour cela, nous proposons de partir du principe que la politique n’est pas fondée sur le nécessaire compromis, mais, au contraire, qu’elle produit toujours du désaccord. C’est ce principe qui devra être exprimé et traité à travers les conditions spatiales des structures. Ces dernières seront disséminées sur un vaste territoire parisien. Il s’agira d’occuper des parcelles plus ou moins résiduelles, et de démontrer les potentialités spatiales qu’elles contiennent néanmoins.

Durée : 6 semaines (2+4)

Bibliographie

ALBERTI (Leon Battista), L’art d’édifier, Seuil, Paris, 2004. Texte traduit, présenté et annoté par CAYE (Pierre) et CHOAY (Françoise).

 

AURELI (Pier Vittorio), The Possibility of an Absolute Architecture. MIT Press, Cambridge, 2011.

 

BAUDRILLARD (Jean), Le système des objets. Gallimard, coll. Tel, Paris, 2016.

 

DEPLAZES (Andrea), Construire l’architecture, du matériau brut à l’édifice. Birkhaüser, Berlin, 2008.

 

EISENMAN (Peter), Ten Canonical Buildings: 1950-2000. Rizzoli, New York, 2008.

 

GUENOUN (Elias), 198 assemblages du bois. Éditions Formes, Choisy-le-Roi, 2014.

 

HACHE (Émilie), Ce à quoi nous tenons. Proposition pour une écologie pragmatique, La Découverte, Paris, 2019.

 

HERTZBERGER (Herman), Lessons for Students in Architecture. NAI Publishers, Rotterdam, 2016.

 

IMPRIMERIE NATIONALE, Lexique des règles typographiques en usage à l’imprimerie nationale. Imprimerie nationale, Paris, 2002.

 

ISHIGAMI (Junya), Small images. INAX Publishing, Tokyo, 2008.

 

KOOLHAAS (Rem) et MAU (Bruce), S, M, L, XL. Monacelli Press, New York, 1997.

 

LOOS (Adolf), Ornement et crime. Rivages, coll. Rivages poche / Petite Bibliothèque, Paris, 2003.

 

LUCAN (Jacques), Composition, non-composition : Architecture et théories, XIXe et XXe siècles. PPUR, Lausanne, 2009.

 

LUCAN (Jacques), Précisions sur un état présent de l’architecture. PPUR, Lausanne, 2015.

 

LUCAN (Jacques), Habiter. Ville et architecture. PPUR, Lausanne, 2021.

 

MALM (Andreas), La chauve-souris et le capital. Stratégie pour l’urgence chronique, La fabrique, Paris, 2020.

 

MARI (Enzo), Autoprogettazione ? Corraini, Mantoue, 2014.

 

MAROT (Sébastien), L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture. Éditions de la Villette, Paris, 2010.

 

MIGAYROU (Frédéric), « Extensions de la grille », Les Cahiers du Mnam, n°82, hiver 2002/2003, p. 4-23.

 

PEREC (Georges), L’infra-ordinaire. Seuil, coll. Librairie du XXIe siècle, Paris, 1989.

 

PICON (Antoine) (sous la direction de), L’art de l’ingénieur. Constructeur, entrepreneur, inventeur, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 1999.

 

RANCIÈRE (Jacques), Chroniques des temps consensuels, Seuil, Paris, 2005.

 

ROWE (Colin) et KOETTER (Fred), Collage City. Infolio, coll. Archigraphy, En Crausaz, 2002.

 

SALVADORI (Mario), Comment ça tient ? Parenthèses, Marseille, 2005.

 

SALVADORI (Mario) et LEVY (Matthys), Pourquoi ça tombe ? Parenthèses, Marseille, 2009.

 

SCOLARI (Massimo), Oblique Drawing: A History of Anti-Perspective. MIT Press, Cambridge, 2015.

 

SEIKE (Kiyosi), The art of Japanese joinery. Weatherhill / Tankosha, New York / Tokyo, 1977.