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  • S2- 40 Expériences pour le projet

Semaine intensive Représentations

Option 05 - Catherine Bourdon [E0241060]

  • Année : 1
  • Semestre : 2
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

« La forêt est le milieu par excellence qui nous rappelle la condition volontiers oubliée de notre être-au-monde, à savoir que nous ne sommes pas responsables de l’habitabilité de ce monde – mais que c’est la biosphère, comme architecture vivante plus ancienne que nous, qui constitue notre milieu donateur. »

Baptiste Morizot

 

 

L’enseignement s’inscrit dans la continuité des cours de l’intensif transversal et d’arts plastiques et visuels du premier semestre « penser avec le dessin ». Les objectifs pédagogiques de l’intensif « s’enforester – zone critique sont l'initiation aux cultures et aux pratiques de l'art contemporain. Ils permettent d’élargir les enseignements de « penser avec le dessin » à la multiplicité des techniques, médiums et cultures de la représentation.

 

L’intensif est pensé en trois temps : une introduction aux enjeux du workshop à l’école, un second temps d’immersion dans la forêt de Fontainebleau et un dernier temps, découlant de cette expérience de terrain, de production plastique à l’école. La part belle sera donnée à une approche de la matière et du travail en volume, ainsi que son utilisation en tant que medium sur support à deux dimensions pour créer un récit personnel animé par des dynamiques d’expériences collectives.

 

Une longue tradition philosophique occidentale a progressivement dématérialisé notre insertion au sein du vivant, alors même que la relation que nous entretenons avec lui est une condition vitale dont la pérennité est aujourd’hui mise à mal. Cette pensée s’est construite comme une mise à distance avec le monde dans lequel nous sommes insérés, devenu une « nature » distincte de la « culture ».

Empruntant le terme « s’enforester » au philosophe Baptiste Morizot, l’intensif invite les étudiants à aiguiser leur sensibilité pour penser des modes de coexistence de l’homme avec le vivant mais aussi, dans le sillage de Bruno Latour, avec la « zone critique » dans son ensemble. Le terme de « zone critique » représente la mince couche allant du haut de la canopée jusqu’aux roches mères. Elle concentre les vivants et leurs ressources, et c’est là que se jouent la majorité des interactions qui rendent possible l’habitabilité de notre planète. Au cours de l’intensif, il s’agira donc de porter une attention particulière à la matière sensible du monde et aux innombrables interactions qui régissent les équilibres du « sol » que nous habitons. Minéraux, plantes, humus, échanges d’eau, de matière et d’énergie, les étudiants observeront, écouteront, récolteront, analyseront pour imaginer leur place au sein de ces interactions complexes et symbiotiques.

Contenu

1. ATTERIR

L’intensif débutera par une séance introductive à l’école où nous nous interrogerons collectivement sur notre ancrage concret dans un territoire : « atterrir » au sens que donne à ce terme le philosophe Bruno Latour – c’est-à-dire se poser la question ce dont nous dépendons et dont l’existence est menacée.

A travers une sélection de textes, de films et d’œuvres d’art nous préparerons la séance en forêt de Fontainebleau en posant la question d’où nous nous situons très concrètement et en tentant de prendre conscience du réseau de relations dans lequel nous sommes toutes et tous entrelacés.

A partir de cet état des lieux, nous pourrons également interroger en quoi la mise en récit de ces relations et interdépendances font émerger d’autres lectures.

 

2.S’ENFORESTER

La seconde partie de l’intensif invite les étudiants à « s’enforester » dans la forêt de Fontainebleau. 
De son séjour dans la dernière forêt primaire tempérée d’Europe Bialowieza située en Pologne à la frontière Biélorusse, Baptiste Morizot rapporte la notion de « s’enforester ». Les habitants des alentours de la forêt l’évoquent comme un bloc de végétation difficilement pénétrable. Le mot polonais forêt « puszcza » comporte la notion de forêt-jungle pour exprimer la densité végétale. Cette étude sémantique conduite par le philosophe sur les lieux de la forêt en contact avec ses habitants, dénoue la complexité des relations que l’homme entretient avec cette forêt. En particulier avec la partie de cette forêt laissée en libre évolution peu accessible et lisible qui génère des langages et des traductions pour l’appréhender. En apparence, la forêt de Fontainebleau n’a rien de comparable à celle de Bialowieza. Elle est historiquement transformée par l’usage de l’homme. Cependant, à l’intérieur de ses découpages par des voies de traverses, son ordonnance et sa gestion séquencées en parcelles, il persiste une forme de mystère qui fait écho à la forêt de Bialowieza. Ces ilots boisés coloniaires sont couverts par les houppiers en été ou par l’entrelacement des branches qui rendent difficiles la lecture des images satellitaires et le décryptage de ses constituants. Les spectaculaires concrétions de grès héritées de la présence de la mer il y a des millions d’années forment des paysages rocheux accidentés qui ont stimulé les artistes comme les grimpeurs. La randonnée proposée aux étudiants pendant le temps d’une journée permet d’aller à a rencontre de cette biosphère et de découvrir la diversité des sols, des arbres, des mares, des roches, etc., pour, dans un deuxième temps, restituer cette expérience. 
Se déplacer en forêt soulève la question de l’orientation et comment en mobilisant plusieurs moyens, la carte IGN, l’application visio-rando, l’intuition et le désir d’explorer, les groupes d’étudiants vont tracer une trajectoire qui associe chemins existants et l’ouverture de nouvelles voies. Les étudiants sont invités à documenter avec des croquis, un regard photographique, vidéo, des enregistrements sonores et autres prises de notes, toutes sortes de collectes issues de leurs expériences de l’environnement de la forêt. La documentation de l’expérience sera conduite par un groupe d’étudiants intéressés par la question de l’image et du reportage pour témoigner des actions et des processus des créations à l’œuvre dans la partie « MODELER, TRANSFORMER de l’intensif.

La relation sensible, sensitive émotionnelle, personnelle et collective est également considérer comme une matière ressource pour irriguer la formulation d’imaginaires. Aussi, invitons-nous à détecter tous modes d’habitations se trouvant sur places (nids,terriers et autres).

Les végétaux, les minéraux, les traces laissés par la faune, les champignons, le grès et le sable de Fontainebleau constitueront autant de matériaux possibles pour imaginer des formes plastiques qui seront développées lors de la dernière étape de l’intensif.

 

3. MODELER, TRANSFORMER, IMAGER. La dernière partie de l’intensif se déroule à l’école. Elle aura pour objectif de traduire en formes plastiques, essentiellement sculpturales, le premier moment d’immersion en forêt. A partir d’un angle précis découlant de l’observation sensible et attentive de l’écosystème de la forêt de Fontainebleau, il s’agira pour les étudiants d’inventer des formes exprimant leur rapport singulier à la « zone critique », cette mince couche terrestre où se jouent l’essentiel des interactions permettant l’habitabilité de notre planète. La zone critique que constitue la croute terrestre sera approchée de manière littérale : à partir du sol, de la terre et plus précisément de l’argile.

Les étudiants produiront leur propre argile « naturelle » qui leur servira de matière pour réaliser un travail en modelage. Cela impliquera la récolte d’argile sous terre, son tamisage et son essorage, de manière à obtenir des pains d’argile sans aucun additif.

Cette argile autoproduite sera utilisée comme matière première pour la réalisation de sculptures découlant de l’expérience de terrain des étudiants dans la forêt de Fontainebleau.

L’observation et possiblement à la récolte de divers éléments dans la forêt, la réalisation de croquis, la prise de notes, de vidéos et d’enregistrements sonores serviront d’embrayeurs pour le modelage des sculptures en argile.

Les étudiants produiront chacun deux sculptures. Une première en argile crue sera destinée à être placée en extérieur, dans l’environnement proche de l’école. Elle sera pensée en tant que sculpture se dégradant au contact de son environnement. La seconde sculpture sera conçue en vue de sa cuisson dans un four à céramique et donc comme sculpture pérenne.

L’atelier propose également un travail graphique et pictural fabriqué à partir de matériaux récoltés pour explorer la construction d’une image de l’expérience vécue sur le terrain, permettant l’émergence de récits personnels et poétiques. Nous nous interrogerons sur la place du mythe et des récits émergeants dans un milieu.

 

Calendrier pédagogique

 

ATTERRIR

- Lundi 26 février


9H 30 - 12 H 30 travail en atelier

Présentation de l’intensif - présentation des milieux de la Forêt de Fontainebleau, de références d’artistes, Partage de contenus de cultures philosophiques, anthropologiques, d’art pour ouvrir le dialogue et l’organisation des groupes de travail.

Présentation ATTERRIR Bruno Latour.

Transmission des méthodologies et des objectifs.
Installation des espaces de travail.


 

14H-16H travail en atelier 


Production des protocoles d’enquête pour le voyage en forêt de Fontainebleau 


 



 S’ENFORESTER

- Mardi 27 février

Horaires seront précisés le lundi 26

Détails pratiques voyage en forêt de Fontainebleau : L’Accès depuis Paris est aisé par la gare de Lyon, TER, arrêt Bois le Roi (35 min).


 

Des précisions concernant la logistique pour effectuer la randonnée :
Equipement : chaussure de marche – sport étanche – des vêtements chauds : bonnet, gant, grosses chaussettes de rechange, vêtements de pluie genre cape de pluie, sac à dos. 
1 litre d’eau ou boisson chaude thermos. 
Un pique-nique et de quoi grignoter, barre chocolatée ou autre.

Matériels artistiques archi paysage – le kit du créateur, carnets, tous matériels nécessaire pour dessiner peindre de votre choix, merci d’anticiper la réservation auprès du laboratoire photo pour vos appareils photos vidéo, ronin ( support vidéo), zoom (enregistreur).

Gants de jardinage- travail, petits outils de prélèvement, cuillère, bocaux, sacs papiers ou plastiques, petits chiffons.

 

3. MODELER, TRANSFORMER, IMAGER

- Mercredi 28 février

9H 30 - 12 H 30 travail en atelier

Groupe sculpteurs – peintres - dessinateurs

Transformation de la matière – Transformer les collectes en ressource pour créer – préparer les supports et initiation

Groupe image enquête sur les processus de transformation

 

14H-17H travail en atelier 


Entrer dans la création.

 

- Jeudi 29 février

9H 30 - 12 H 30 travail en atelier

Groupe sculpteurs – peintres - dessinateurs

Continuer la création

Groupe image enquête sur les processus de transformation

 

14H-17H travail en atelier ou en studio vidéo

Montage et présentation des photographies/documents d’archive, format a décider collectivement.

 

PRESENTER – RETOURS CRITIQUES - MISE EN PERSPECRTIVES // POT FESTIF

- Vendredi 1 mars

9H 30 - 12 H 30 travail en atelier

Finalisation du travail et point sur l’organisation du dispositif de présentation.

 

15h PRESENTER – RETOURS CRITIQUES - MISE EN PERSPECRTIVES // POT FESTIF

Bibliographie

Christopher Stone, Les arbres doivent-ils pouvoir plaider ?, Le Passager Clandestin, 2022

Dona Haraway, Vivre avec le trouble, Les Éditions des mondes à faire, 2020

Roger Caillois, L'Écriture des pierres, Champs Flammarion, 1980

Baptiste Morizot, Manières d'être vivant, Actes Sud, 2019

Baptiste Morizot, Les diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, Marseille, Wildproject, 2016. 

Andrea Olga Mantovani et Baptiste Morizot, S'enforester, d'une rive à l'autre, 2022

Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, coll. Folio essais, 2015

Bruno Latour, Face à Gaïa: Huit conférences sur le nouveau régime climatique, La Découverte, 2015

Daniel Arasse, Anselm Kiefer, Editions du Regard, 2023

 

Artistes :

Robert Gober – Diana Thater - Thu Van Tran - Eija-Lisa Atila - Giuseppe Penone - Anselm Kiefer- Nil Udo - Andy Goldworphy - Miguel Barcelo -

 

Ressources web :

ATTERRIR – Bruno Latour.

www.liberation.fr/debats/2016/06/30/une-zone-si-critique_1463172/

www.ige-grenoble.fr/La-zone-critique

www.bruno-latour.fr/node/650.html

 

FORÊT

www.youtube.com/watch aux arbres» ou les liens mystérieux qui unissent l’arbre et l’homme

Chercheur atypique, l’ingénieur forestier Ernst Zürcher mêle science et spiritualité pour percer les liens mystérieux qui unissent l’arbre et l’homme. Dans son approche du monde végétal il accorde autant de crédit aux croyances ancestrales qu’aux lois de la physique. « De nombreux savoirs traditionnels sont aujourd’hui vérifiés par la science » estime-t-il. « La dimension énergétique des arbres, leur appartenance aux cycles astronomiques et terrestres, tout s’explique». Passe-moi les jumelles du 20 avril 2018, une émission de la Radio Télévision Suisse.

 

www.youtube.com/watch

 Forestier Peter Wollenben

La vie secrète des arbres,

L’intelligence des arbres, ou comment les arbres communiquent  prennent soins des uns et des autres

www.plum-magazine.fr/images/Dossiers/Dossier-de-presse_Intelligence_des_Arbres.pdf

www.youtube.com/watch

www.youtube.com/watch

www.youtube.com/watch

www.youtube.com/watch

Botaniste Francis Hallé  

www.youtube.com/watch

www.youtube.com/watch

Biologiste  professeur Stefano Mancuso 

www.franceculture.fr/emissions/linvite-culture/stefano-mancuso

Les phytoncides

www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/04/22/le-bain-de-foret-comme-therapie_5288892_4497916.html

Fôret // urbain // architecture

up-magazine.info/index.php/urbanisme-architecture-paysages/7260-quand-la-foret-s-invite-en-ville/

www.lemoniteur.fr/article/une-maison-de-l-etudiant-inspiree-par-la-foret.950599

www.facebook.com/hashtag/boisdemars

www.facebook.com/bellastock/videos/1548866358495219/