1. ATTERIR
L’intensif débutera par une séance introductive à l’école où nous nous interrogerons collectivement sur notre ancrage concret dans un territoire : « atterrir » au sens que donne à ce terme le philosophe Bruno Latour – c’est-à-dire se poser la question ce dont nous dépendons et dont l’existence est menacée.
A travers une sélection de textes, de films et d’œuvres d’art nous préparerons la séance en forêt de Fontainebleau en posant la question d’où nous nous situons très concrètement et en tentant de prendre conscience du réseau de relations dans lequel nous sommes toutes et tous entrelacés.
A partir de cet état des lieux, nous pourrons également interroger en quoi la mise en récit de ces relations et interdépendances font émerger d’autres lectures.
2.S’ENFORESTER
La seconde partie de l’intensif invite les étudiants à « s’enforester » dans la forêt de Fontainebleau.
De son séjour dans la dernière forêt primaire tempérée d’Europe Bialowieza située en Pologne à la frontière Biélorusse, Baptiste Morizot rapporte la notion de « s’enforester ». Les habitants des alentours de la forêt l’évoquent comme un bloc de végétation difficilement pénétrable. Le mot polonais forêt « puszcza » comporte la notion de forêt-jungle pour exprimer la densité végétale. Cette étude sémantique conduite par le philosophe sur les lieux de la forêt en contact avec ses habitants, dénoue la complexité des relations que l’homme entretient avec cette forêt. En particulier avec la partie de cette forêt laissée en libre évolution peu accessible et lisible qui génère des langages et des traductions pour l’appréhender. En apparence, la forêt de Fontainebleau n’a rien de comparable à celle de Bialowieza. Elle est historiquement transformée par l’usage de l’homme. Cependant, à l’intérieur de ses découpages par des voies de traverses, son ordonnance et sa gestion séquencées en parcelles, il persiste une forme de mystère qui fait écho à la forêt de Bialowieza. Ces ilots boisés coloniaires sont couverts par les houppiers en été ou par l’entrelacement des branches qui rendent difficiles la lecture des images satellitaires et le décryptage de ses constituants. Les spectaculaires concrétions de grès héritées de la présence de la mer il y a des millions d’années forment des paysages rocheux accidentés qui ont stimulé les artistes comme les grimpeurs. La randonnée proposée aux étudiants pendant le temps d’une journée permet d’aller à a rencontre de cette biosphère et de découvrir la diversité des sols, des arbres, des mares, des roches, etc., pour, dans un deuxième temps, restituer cette expérience.
Se déplacer en forêt soulève la question de l’orientation et comment en mobilisant plusieurs moyens, la carte IGN, l’application visio-rando, l’intuition et le désir d’explorer, les groupes d’étudiants vont tracer une trajectoire qui associe chemins existants et l’ouverture de nouvelles voies. Les étudiants sont invités à documenter avec des croquis, un regard photographique, vidéo, des enregistrements sonores et autres prises de notes, toutes sortes de collectes issues de leurs expériences de l’environnement de la forêt. La documentation de l’expérience sera conduite par un groupe d’étudiants intéressés par la question de l’image et du reportage pour témoigner des actions et des processus des créations à l’œuvre dans la partie « MODELER, TRANSFORMER de l’intensif.
La relation sensible, sensitive émotionnelle, personnelle et collective est également considérer comme une matière ressource pour irriguer la formulation d’imaginaires. Aussi, invitons-nous à détecter tous modes d’habitations se trouvant sur places (nids,terriers et autres).
Les végétaux, les minéraux, les traces laissés par la faune, les champignons, le grès et le sable de Fontainebleau constitueront autant de matériaux possibles pour imaginer des formes plastiques qui seront développées lors de la dernière étape de l’intensif.
3. MODELER, TRANSFORMER, IMAGER. La dernière partie de l’intensif se déroule à l’école. Elle aura pour objectif de traduire en formes plastiques, essentiellement sculpturales, le premier moment d’immersion en forêt. A partir d’un angle précis découlant de l’observation sensible et attentive de l’écosystème de la forêt de Fontainebleau, il s’agira pour les étudiants d’inventer des formes exprimant leur rapport singulier à la « zone critique », cette mince couche terrestre où se jouent l’essentiel des interactions permettant l’habitabilité de notre planète. La zone critique que constitue la croute terrestre sera approchée de manière littérale : à partir du sol, de la terre et plus précisément de l’argile.
Les étudiants produiront leur propre argile « naturelle » qui leur servira de matière pour réaliser un travail en modelage. Cela impliquera la récolte d’argile sous terre, son tamisage et son essorage, de manière à obtenir des pains d’argile sans aucun additif.
Cette argile autoproduite sera utilisée comme matière première pour la réalisation de sculptures découlant de l’expérience de terrain des étudiants dans la forêt de Fontainebleau.
L’observation et possiblement à la récolte de divers éléments dans la forêt, la réalisation de croquis, la prise de notes, de vidéos et d’enregistrements sonores serviront d’embrayeurs pour le modelage des sculptures en argile.
Les étudiants produiront chacun deux sculptures. Une première en argile crue sera destinée à être placée en extérieur, dans l’environnement proche de l’école. Elle sera pensée en tant que sculpture se dégradant au contact de son environnement. La seconde sculpture sera conçue en vue de sa cuisson dans un four à céramique et donc comme sculpture pérenne.
L’atelier propose également un travail graphique et pictural fabriqué à partir de matériaux récoltés pour explorer la construction d’une image de l’expérience vécue sur le terrain, permettant l’émergence de récits personnels et poétiques. Nous nous interrogerons sur la place du mythe et des récits émergeants dans un milieu.
Calendrier pédagogique
ATTERRIR
- Lundi 26 février
9H 30 - 12 H 30 travail en atelier
Présentation de l’intensif - présentation des milieux de la Forêt de Fontainebleau, de références d’artistes, Partage de contenus de cultures philosophiques, anthropologiques, d’art pour ouvrir le dialogue et l’organisation des groupes de travail.
Présentation ATTERRIR Bruno Latour.
Transmission des méthodologies et des objectifs.
Installation des espaces de travail.
14H-16H travail en atelier
Production des protocoles d’enquête pour le voyage en forêt de Fontainebleau
S’ENFORESTER
- Mardi 27 février
Horaires seront précisés le lundi 26
Détails pratiques voyage en forêt de Fontainebleau : L’Accès depuis Paris est aisé par la gare de Lyon, TER, arrêt Bois le Roi (35 min).
Des précisions concernant la logistique pour effectuer la randonnée :
Equipement : chaussure de marche – sport étanche – des vêtements chauds : bonnet, gant, grosses chaussettes de rechange, vêtements de pluie genre cape de pluie, sac à dos.
1 litre d’eau ou boisson chaude thermos.
Un pique-nique et de quoi grignoter, barre chocolatée ou autre.
Matériels artistiques archi paysage – le kit du créateur, carnets, tous matériels nécessaire pour dessiner peindre de votre choix, merci d’anticiper la réservation auprès du laboratoire photo pour vos appareils photos vidéo, ronin ( support vidéo), zoom (enregistreur).
Gants de jardinage- travail, petits outils de prélèvement, cuillère, bocaux, sacs papiers ou plastiques, petits chiffons.
3. MODELER, TRANSFORMER, IMAGER
- Mercredi 28 février
9H 30 - 12 H 30 travail en atelier
Groupe sculpteurs – peintres - dessinateurs
Transformation de la matière – Transformer les collectes en ressource pour créer – préparer les supports et initiation
Groupe image enquête sur les processus de transformation
14H-17H travail en atelier
Entrer dans la création.
- Jeudi 29 février
9H 30 - 12 H 30 travail en atelier
Groupe sculpteurs – peintres - dessinateurs
Continuer la création
Groupe image enquête sur les processus de transformation
14H-17H travail en atelier ou en studio vidéo
Montage et présentation des photographies/documents d’archive, format a décider collectivement.
PRESENTER – RETOURS CRITIQUES - MISE EN PERSPECRTIVES // POT FESTIF
- Vendredi 1 mars
9H 30 - 12 H 30 travail en atelier
Finalisation du travail et point sur l’organisation du dispositif de présentation.
15h PRESENTER – RETOURS CRITIQUES - MISE EN PERSPECRTIVES // POT FESTIF