Programmes (in-)versus Matérialités
Abstract :
Rien de plus vraisemblable, de plus familier que de penser pouvoir recevoir et penser les architectures qui se dressent devant nous dans leur environnement complexe, mais entier.
Que ce soit en expérimentation ou en théorie, l’élimination des influences extérieures s’est établi comme le véritable fondement du « Progrès » depuis le XVII siècle. Nombre des méthodologies d’analyse traditionnelles s’appuient sur une logique disjonctive, isolant l’object observé de son milieu complexe, altérant par cette réduction le sens proprement-dit de l’objet observé sous l’effet de l’isolation.
Depuis longtemps, plus particulièrement avec l’émergence des théories des systèmes au milieu du siècle passé, nous entr'apercevons que la réalité à observer ne s’arrête/fige pas sous le prétexte que l’on veuille la regarder pour la connaître. En termes systémiques l’on peut envisager l’observation d’un système ouvert dans ses états par altérations continues, issues des boucles de rétroaction qu’il entretient avec son environnement multi-factoriel. Parfaitement identifiable comme objet observable, son état n’est identique ni en début, ni en fin d’observation. Les rétroactions, elles-mêmes assujetties à des perpétuelles mutations, auront in-formé progressivement les états observables de l’observé.
Sans être exhaustif, les milieux complexes du processus de mise en intrigue d’un projet d’architecture sont sociétales, climatologiques, programmatiques, historiographiques, technologiques, performatifs, perceptifs, écologiques, économiques, et cetera. Sans hiérarchie a priori, sans chronologie linéaire préétablie et sans 'telos' ils informent en rétroactions les processus morphogénétiques.
Structuré à l’image des 'Brain boxes' privés largement tributaire de compétences transdisciplinaires, le studio G6 S2 propose un enseignement de laboratoire expérimental d’idées, productrice de compétences et d’expertises ainsi que la découverte de méthodes de recherches appliquées. Sans vouloir établir définitivement la liste des champs que l’architecture recouvre ou par lesquelles elles est recouverte, ne serait-ce que partiellement, l’accent lors de ce semestre, sera mis sur les « marges floues » de notre champ disciplinaire, là, ou l’architecte délègue par habitude… comme si elles étaient négligeables, voire sans influence sur notre faire architectural : A) la Programmation, et : B) le 'parametric force based form finding' (processus heuristiques morphogénétiques, basés sur les efforts physiques).
Fréquemment on observe dans les processus d’élaboration du projet architectural une préséance du programme (sans intervention de l’architecte) à la préparation d’exécution structurelle des ouvrages (également sans architecte). L’objet pédagogique du studio sera d’interroger la linéarité de la hiérarchie chronologique traditionnellement préétablie en mettant en crise, d’une part, l’Excelsheet programmatique, et, d’autre part, par le biais de l’expérimentation, la compréhension des rétroactions entre la force, la forme la structure et la masse.
Corréler ces deux champs entre eux, et, inutile de dire, aux autres champs de l’environnement complexe du projet sera l’enjeu du studio, favorisant largement les attitudes critiques des candidats.