Enseignants : Paolo Amaldi , Stanislas Zakarian, Serge Clavé
La notion d'archétype renvoie à des modèles architecturaux 'forts' qui traversent mutatis mutandis l'histoire de l'architecture. Ce séminaire a pour but d’initier un travail de recherches à partir de l’étude d’un corpus d’œuvre et d’auteurs majeurs qui recoupe trois situations géographiquement et culturellement caractérisées.
La première est la montagne, la seconde la Méditerranée entendue comme littoral et enfin la troisième est la Méditerranée entendue comme une forme d'urbanité alternative à celle que nous connaissons en Europe occidentale (de fondation romaine).
L'objectif de ce séminaire est d'analyser les relations qui existent entre l'identité d'un territoire - à savoir sa topographie autant que son climat - et l'édification qu'il faut comprendre comme façon de construire à petite et grande échelle ou d'équiper le territoire d'infrastructures. Sachant qu'aujourd'hui la notion d'infrastructure paysagère n'est plus associée à l'idée d'un artefact lourd et pesant. la question sous-jacente est : comment l'homme domestique-t-il un site, le rend-il habitable ou traversable ? Mais aussi comment l'architecture peut-elle faire site ?
l'objectif de ce séminaire vise à montrer la pertinence' paysagère territoriale ou climatique d'une figure architecturale. Qu'est-ce une figure ? C'est un schéma formel qui résume les caractère distributifs et spatial d'un objet en regard d'un usage et d'une fonction donnée.
Dans des lieux escarpés pour commencer, le geste primordial consiste à construire pas remblais et déblais des sols horizontaux artificiels sur lesquels poser ensuite différentes fonctions ou reliant entre eux des localités. La déclivité du terrain amène à retenir les terres, ériger des murs ou une digue, ou bien à construire des ponts, des viaducs. Lorsque Johann Wolfgang von Goethe arrive lors de son périple italien dans la ville de Spoleto en Ombrie, il découvre la parfaite insertion de l’aqueduc romain dans son site, produisant une « deuxième nature – eine zweite Natur » de cet objet « d’utilité publique ». Comme si l’utilité collective d’un objet qui s’inscrit dans la durée renforcerait son intégration dans le grand tout du paysage. L'idée que certains artefacts humains inscrits dans la durée peuvent être assimilés à des paysages - ou selon Aldo Rossi par leur échelle à des« objet géographique » est riche d’enseignement, d’autant qu’elle renvoie à une forme de moralité : tout ce qui s’inscrit dans la durée ou qui se répète dans le temps devient, par la force des choses, une seconde nature. Les montagnes ont été équipés.
Mais il existe d'autres type d'édifices ou d'équipements publics qui ont vu le jour dans les montagnes et dans les régions en altitude, construits depuis le XIXè siècle: centres aérés, colonies de vacances, sanatoriums. Il existe toute une histoire et une sociologie de ces architectures de tourisme liés à la santé et à l'exposition au bon air, dont le dessin et la forme sont très caractérisés et qui ont précédé la réalisation au XXème siècle des stations de ski, lieux de villégiature pour le plus grand nombre.
La deuxième partie du séminaire portera sur la région Méditerranéenne dans son interface avec la mer. Le littoral a été le lieu également de recherches typologiques nouvelles. Nice était considérée par exemple au XIXème siècle une ville climatique liée à la pratique de la marche et d'autres activités tonifiantes, dotée d'infrastructures singulières comme son célèbre casino posé sur un pier. L’habitat balnéaire concentre une suite extraordinaire d’expérimentations et d’innovations architecturales et urbaines, depuis l’essor de la villégiature des bords de mer au XIX siècle. Nous l’analyserons à différentes échelles et sous différentes temporalités, en commençant, cette année, par le territoire méditerranéen français. En particulier, les années 1960 sont marquées par une pensée à grande échelle de certaines stations balnéaires, à l'instar de la Grande Motte de Jean Balladur, qui transforme ce type d'équipement en 'paysage architecturé'.
La troisième partie de ce séminaire abordera la forme de la ville du Maghreb et particulièrement du Maroc dont la Casbah a été utilisée par certains architectes comme Aldo van Eyck pour repenser la notion de voisinage dans un tissus urbain plus informel et ouvert. Au XXème siècle, au sortir de la deuxième Guerre mondiale, l’architecture moderne s’empare de la méditerranée tant dans le domaine de l’architecture que de l’urbanisme. La lumière crue, la mer, cet horizon dans laquelle les montagnes se jettent fascinent et conduisent au développement de projets manifestes.
'Au cours des années, je suis devenu un homme de partout, écrit Le Corbusier en 1965. J'ai voyagé à travers les continents. Je n'ai qu'une attache profonde : la Méditerranée.Je suis un Méditerranéen, très fortement marqué par la Méditerranée, reine de formes et de lumière. La lumière et l'espace.
Le fait, c'est le contact pour moi en 1910 à Athènes. Lumière décisive. Volume décisif : l'Acropole. Mon premier tableau peint en 1918, la Cheminée, c'est l'Acropole. Mon Unité d'habitation de Marseille ? C'est le prolongement'
Le concept de Nappe, de Cluster et de MAT Building développé par Alison Smithson repose sur une nouvelle conception de la ville - plus adhérente à certaine préoccupation d'ordre social qui s'inspire fortement de cet habitat dense du Maghreb et de sa ' clarté labyrinthique'. Nous sommes dans une nouvelle pensée de l'espace urbain qui va à l'encontre de l'urbanisme de la Chartes d'Athènes. De l’après-guerre jusqu’aux premières manifestations de l’individualisme postmoderne, les architectes sont partis à la recherche de l’unité perdue de la communauté humaine et ont identifié dans les villes méditerranéennes des réponses possibles à leurs questionnements.
Les tissus historiques des villes de Fez et de Marrakesh et leur relation avec les plans d'urbanisation d'architectes occidentaux éclairés tels que Ecochard et Prost montreront que cette région de la Méditerranée a été un haut lieu d' accumulation et une superposition d'invention urbaines inédites.