La question du lieu – ce qu’est ou ce qui peut faire lieu dans un monde à l’urbanisme diffus et aux mobilités généralisées – est au cœur des réflexions sur les territoires et sur ce qui nous relie, individuellement ou collectivement, à nos environnements, nos espaces de vie, qu’ils soient continus ou disjoints. La question du lieu est, par conséquent, également au cœur de nombreuses démarches architecturales, aujourd’hui, comme hier. Or, le « lieu » ne fait pas, le plus souvent, l’objet d’enseignements dédiés en école d’architecture et la notion même de « lieu », au contraire de celles de « territoire » ou « d’espace » n’est pas tout à fait stabilisée dans la littérature scientifique, en particulier francophone. Polysémique, paradoxale, tantôt mobilisée, tantôt abandonnée parce que considérée comme trop peu opératoire, elle revient cependant en force ces dernières années dans les études urbaines et l'attention au 'local'. Prenant acte de ces balancements et de l’importance du recours au « lieu », à l’ancrage local, voire au localisme, dans nombre de discours (y compris politiques), l’objectif du séminaire « Lieux » en S7 est donc d’aborder la question du lieu de front, c’est-à-dire à la fois de manière théorique et opérationnelle. Il propose pour ce faire d’en traiter partir des dimensions matérielles, symboliques et temporelles des lieux, et ce sans les dissocier. Le lieu est bien le produit de la conjonction de ces trois dimensions. Il propose également de placer au coeur des réflexions la question de la représentation : comment lire, analyser et représenter un ou des lieux ?
Qu'est-ce que représenter un lieu, quels sont ou peuvent être les modes et les outils de représentation (ici en Occident ou en France, comme 'ailleurs' ! le séminaire porte volontairement une dimension internationale), qu'est-ce que la question de la représentation et de la prise en compte même de la question du lieu 'fait' à l'architecture et à la production urbaine et à l'espace public, mais aussi à l'habitat et à l'habiter, aujourd'hui comme hier ? La question de la représentation sera également prise en compte du point de vue social et symbolique ; le séminaire étant porté par une équipe d'enseignements chercheurs et praticiens venant d'horizons différents : la géographie, l'architecture et les sciences sociales, l'art et les techniques de la représentation - y compris informatiques et filmiques -, mais aussi l'histoire.
Pour répondre à cette question, le séminaire « Lieux et place : lire, analyser, représenter » se déploie en deux temps articulés qui assurent la continuité de la fabrique et de l’encadrement des mémoires. Le S7 déploie des outils et méthodes d’analyse pour apprendre aux étudiant-es à saisir des usages d’appropriation de lieux à partir de ce que nous en disent architectes et historiens, mais aussi sociologues, géographes, artistes ou réalisateurs.
Le S8 aborde, ensuite, la question du lieu de manière plus frontale et directe, à la fois à travers la littérature scientifique et les références théoriques, l’analyse et la discussion d’œuvres et de courants architecturaux, mais aussi des terrains spécifiques que les étudiant-es choisissent pour construire leur mémoire de Master 2. Un exercice, construit in situ, sur un terrain commun à toute la promotion, permettra de tester et de mettre en œuvre ce que peuvent être l’exploration, mais aussi la lecture d’un lieu, notamment à partir du relevé et de l’analyse de l’espace public.
Les objectifs pédagogiques du S8 sont clairement :
- approfondissement théorique
- la structuration d'une pensée dans une écriture fluide
- la construction d'un document où texte et iconographie se répondent
- l'élaboration et la conduite d'un 'terrain' de recherche
- la préparation de la phase rédactionnelle finale que constitue le S9.
En S8, interviennent, comme en S7 : Caroline Rozenholc-Escobar (Docteur, géographe, VT), Mounia Bouali (Docteur, Architecte, SHS), Marie-Hélène Badia, Michel Levi, Bruno Tonfoni, tous trois architectes praticiens (TPCAU), Leda Dimitriadi (Docteur-HDR), Justyna Morawska (Docteur) et Henri Herré-Parant (scénariste) pour les ATR – arts et techniques de la représentation et Carmen Popescu (Docteur-HDR) en HCA.