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  • S7-P2 Projet 2 architectural et urbain

Projet S7

Semestre 7

DE 6 Matière et Expérience : Filière géo-sourcée - J. Pimas, A. Roqueplo, V. Baumann

Enseignant(s) : Anne Roqueplo,Jordi Pimas Megias,Justyna Morawska,Vincent Baumann,Sandra Ancelot,Edith Akiki

  • Année : 4
  • Semestre : 7
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

Le travail du studio s’articule en plusieurs temps qui combinent des séances de critique de projet en groupe, individuel, travaux d’analyse de projets, cours magistraux. L’objectif de cet enseignement est de permettre aux étudiants de comprendre l’architecture par l’expérimentation et la manipulation de la matière . Il s’agit d’apprendre par la pratique, par le « faire » et de se concentrer sur le réel, le matériau, afin de comprendre ce qu’il rend possible, à partir de la manipulation, de l’assemblage constructif et de l’expérimentation de la matière.

Contenu

La rareté des ressources

La transition écologique, par la sobriété dans l’usage des ressources naturelles, entend redéfinir un rapport d’équilibre durable entre activités humaines et environnement. Si la place de l’énergie et du changement climatique est déterminante pour les activités humaines, les efforts de décarbonation ou d’atténuation du changement climatique ne sauraient constituer seuls une politique de transition écologique. Elle doit, à la fois, répondre aux enjeux d’atténuation du changement climatique, de la perte accélérée de biodiversité et de la multiplication des risques sanitaires environnementaux, mais aussi de la rareté des ressources.

 

Le secteur de la construction est en plein bouleversement car il est responsable de près de 25% des émissions de gaz à effet de serre. La question de la rareté des ressources se confronte donc à une question d’échelle, d’espace et de temps. La sobriété dans l’usage des ressources passe par la compréhension fine des matériaux, ses propriétés, ses processus de fabrication et de mise en œuvre (entre industrie et artisanat) et de sa dimension culturelle.

 

La matière comme point de départ

Le premier atelier du domaine d’étude, le S7, permet à l’étudiant d’approcher l’architecture introduisant le biais matériel comme une donnée forte de projet pour la première fois dans son cursus. Il se focalise chaque semestre sur une ressource spécifique afin d’en comprendre ses logiques de fabrication, filières et les acteurs de la transformation, de savoir-faire, les modalités d’assemblage et de mise en œuvre.

 

Il sera porté une attention particulière à la compréhension du comportement des matières travaillées (leurs qualités, leurs limites), mais également à la capacité des étudiants à détourner les éventuelles solutions prêtes à l’emploi au profit de la fabrication d’une architecture expérientielle. « Chaque œuvre réussie redonne donc au matériau qu’elle a employé la fraîcheur de la nouveauté. Le secret de la composition réside dans ce pouvoir de transformer le matériau dans le sens d’une adéquation croissante » Teodor Adorno, 1982.

 

Exploiter la terre

Ce semestre, nous allons travailler avec une ressource naturelle : la Terre. Nous interrogerons cette ressource dans sa trajectoire de production et de transformation. Nous envisagerons la terre comme gisement, comme culture, comme matériau, et comme potentiel architecture.

 

Il s’agit d’un matériau largement disponible et de proximité, notamment par la gestion des terres excavées dans le secteur du bâtiment et des infrastructures. Le Grand Paris Express devrait générer 45 millions de tonnes de terres excavées alors que le volume global de déblais généré par l’ensemble des constructions et aménagements du Grand Paris est évalué à environ 500 millions de tonnes d’ici 2030 .

 

Comme le bois, la pierre ou les fibres végétales, la terre a de formidables vertus écologiques et sociales.

Elle affiche un très faible bilan en carbone (si pas cuite) et est totalement réutilisable comme matière première si elle n’est pas stabilisée. Elle est saine, sans COV (Composés Organiques Volatiles considérés comme la 1ère source de pollution des espaces habités) et perspirante, opérant comme une régulateur hygrométrique naturel. Elle présente d’excellentes qualités d’inertie thermique. Les murs en terre stockent ou déstockent l’énergie captée avec un déphasage journalier favorable. Ceci agit sur les températures intérieures et permet de lisser leurs variations en été comme en hiver. Elle peut être utilisée structurellement, en parement, en remplissage, en forme d’enduit, en association avec d’autres matériaux…

 

Nous interrogerons ce matériau dès son état naturel (conditions d’extraction et les caractéristiques physiques de la matière) à la dimension culturelle de son état final dans le projet architectural. La complexité des enjeux hérités, qu’ils soient d’ordre politique, technique, règlementaire et économique, sera abordé sous le prisme des problématiques architecturales, c’est à dire qui portent la question du sens, de la forme, et de l’usage.

 

« Quand vous pensez à la brique, vous lui demandez : “Que veux-tu brique ?” Et la brique répond : “J’aime l’arc.” Et si tu dis à la brique : “Écoute, les arches sont chères, et je peux utiliser un linteau en béton sur une baie. Que penses-tu de cela, brique ?” Et la brique dit : “J’aime l’arc.” Et c’est important, voyez-vous, que vous honoriez le matériau que vous utilisez […] Vous ne pouvez le faire que si vous honorez la brique et que vous la glorifiez plutôt que ne pas lui rendre ce qui lui est dû » Louis I. Kahn.

 

L’approche par la matière Terre sera également l’occasion de développer une pensée multiscalaire au service de la conception architecturale, mobilisant le caractère non linéaire du développement du projet. Du plan masse au détail, les choix constructifs, paysagers et/ou programmatiques interagissent tout au long du processus. Ce caractère itératif de la conception confère à l’architecture une capacité d’action sur différentes temporalités. Nous interrogerons donc le caractère territorial de la matière par le biais d’une pensée constructive.

Travaux

Temps 1 - Enquête « La Terre dans la construction »

La première séquence de l’atelier s’organise par groupes de 3 étudiants. Cette première étape est destinée à élargir les horizons de pensée des étudiants vis-à-vis de la thématique proposée. Une recherche théorique autour de la construction en terre sera abordée permettant aux étudiants de se positionner intellectuellement face aux enjeux contemporains de la filière terre. Ces recherches prospectives sont une première étape importante dans la construction théorique d’une réponse adaptée. Elles seront également la base réflexive qui guidera les prochaines étapes de travail.

 

L’enquête thématique sera complétée par des interventions extérieures qui permettront de confirmer certaines hypothèses, mettre en doute certaines stratégies, compléter certains raisonnements ou simplement apporter des nouvelles connaissances théoriques de la construction en terre, en rapport avec les objectifs pédagogiques du semestre.

 

Les thèmes sont :

- Ressource et gisement

- Ressource et filière

- Transformation

- Modes constructifs à l’appui de références

- Histoire et développement des techniques

- Propriétés, caractéristiques, comportement

- Etudes de cas

 

 

Temps 2 – Ambiance « L’habitat élémentaire »

La deuxième séquence interroge la relation qu’entretient le corps avec l’espace par le biais des ambiances. Il s’agit de réfléchir à un habitat élémentaire, à l’image du cabanon de Le Corbusier à Roquebrune Cap Martin, de la maison de Walden de Henry David Thoreau, du refuge de montagne de Charlotte Perriand ou du tonneau de Diogène. Cet habitat, construit obligatoirement en terre, permettra de poser des questions en termes de dimension mais surtout d’ambiances/d’atmosphère. Quelle quantité et quelle qualité d’espace ? Quel confort ? Comment en tant qu’architecte pouvons-nous répondre aux fonctions élémentaires de l’habiter et les postures et sensations du corps. Dormir, rêver, méditer, se laver, manger, travailler, etc… l’approche ne sera pas uniquement fonctionnaliste mais bien holistique.

 

Il sera question de masse et de gravité, de déplacement des corps, de mouvement d’air et d’hygrométrie, de rayonnement solaire et de convection, de résonance et de matité …. Il s’agira bien de convoquer la thermodynamique, l’acoustique, la résistance des forces et des matériaux, les études d’orientations solaires, de stockage et de cheminement, de la géométrie…

 

C’est principalement en maquette atmosphérique que les étudiants seront invités à définir leur projet. Cette maquette atmosphérique, 1/10ème ou 1/20ème, en terre, argile, plâtre… permettant d’illustrer les principes architecturaux mobilisés, sera accompagnée des plans, coupes et d’une axonométrie éclatée.

 

Malgré n’avoir pas défini de site pour l’exercice les étudiants devront prendre en compte les données géographiques d’Athènes (latitude, longitude, données climatiques, etc…) comme base de travail.

 

 

Temps 3 – Prototype « Pensée constructive »

Dans un troisième temps, l’étudiant tentera de définir un principe bioclimatique sur lequel s’appuyer pour lancer un travail d’expérimentation technique et constructive. Par l’intermédiaire de maquettes aux échelles comprises entre le 1/5ème et le 1/20ème, les étudiants cherchent à expérimenter des mises en œuvre de la terre sur un fragment de bâtiment comprenant différents dispositifs (mur, poteau, plancher, fenêtre, toiture…).

 

Ils explorent ainsi les assemblages constructifs par le « faire », en forme de prototype. Loin d’être un résultat fini, ce prototype est un outil de conception expérimentale capable de fabriquer du projet. À la fois outil de représentation et outil d’investigation, le « prototype » autorise la précision dans le détail des assemblages, permet de mieux saisir l’intelligence constructive et mesure les moyens mis en œuvre. Cela leur permet de comprendre les limites et les différentes possibilités constructives et esthétiques qu’offre chaque mise en œuvre. Chaque expérimentation est dans un premier temps dessiné et est accompagnée d’un protocole d’expérimentation. Puis les étudiants passent à la phase de test, en filmant ou photographiant les expérimentations qu’ils réalisent, tout en montrant les résultats obtenus. Un choix est ainsi effectué pour retenir ou pas des assemblages constructifs.

 

 

Temps 4 – Récit « Site + Programme »

Les étudiants devront à la fois définir une implantation sur un site et aussi définir un programme.

En ce qui concerne le site, le choix se fera à l’aide des diagnostics territoriaux développés par les étudiants du S9 « Le corps et le territoire » à Athènes. Les recherches théoriques et l'acquisition du lieu faites par les étudiants de M2 porteront les étudiants à identifier une ou plusieurs séquences urbaines et paysagères où chaque étudiant aura la possibilité de choisir une implantation spécifique pour son projet. La compréhension de ces séquences devra faire émerger des sites d’interventions. Le site choisi devra prendre en compte la réalité physique du climat et du sol (ressource/contrainte) et l’imaginaire poétique et singulier du lieu.

 

Le programme s’intéressera à un habitat dédié à un type d’occupant caractérisé par son métier, son hobby, son activité, et le lieu complémentaire de production associé (musicien, peintre, sculpteur, chef restaurateur, ébéniste, agriculteur…). Ce travail s’appuiera sur les principes développés lors du Temps 2.

 

 

 

 

Temps 5 - Projet

Le projet apparaît comme une synthèse de l’entrelacement des échelles de pensée, du territoire au détail architectural. Il s’appuie sur l’expérimentation constructive des phases précédentes. Sans être une simple addition des différentes étapes de travail, il cherche à produire une résolution formelle capable de mobiliser les différents partis-pris architecturaux engagés.

 

Chaque projet devra faire l’objet d’une méthodologie singulière où la transdisciplinarité devient un outil de fabrication du lien fondamental de « l’Homme » à son Territoire de demain. L’étudiant devra se projeter dans un « récit de projet » capable de justifier la cohérence de la démarche.