Sur une proposition de Marc Dilet, architecte et enseignant, l'exposition Loos Fabrique réunit 14 maquettes de maisons construites par Adolf Loos, qui ont été réalisées par le Professeur Yoshio Sakuraï avec ses étudiants de l’université de Toyo à Tokyo. Ce travail pédagogique est mis en regard avec les démarches engagées par plusieurs groupes de projet de l’École.
Au fil de recherches documentaires, d’exploration des archives, de visites et de reportages in-situ, puis de relevés et de prises de mesures, le travail de reconstitution s’est opéré, intégrant autant les références dessinées tel que le factuel.
En présentant ce travail de reconstitution, nous proposons de suivre une démarche d’interrogation, d’expérimentation qui nourrit l’enseignement du projet par le processus de fabrication de l’objet. Les maquettes sont une forme d’observation précisément élaborée (à partir de la documentation) et qui se trouve matérialisée dans des dimensions réduites. Ce travail permet de tenter de pénétrer dans la pensée spatiale de Loos et de retrouver les traces du processus de conception et de réalisation de l’édifice.
L'œuvre de Loos a son autonomie face aux courants dominants de l'architecture d’avant la Seconde Guerre Mondiale car cet architecte gardait ses distances par rapport aux nouvelles technologies et aux principes émergeants ailleurs. Loos a élaboré progressivement une dynamique spatiale pour répondre par-delà l’attente de ses clients. Les projets de Loos ont ainsi développé progressivement une spécificité en réinterprétant des aspects du classicisme tout en prenant des libertés nouvelles. Son originalité a été définie par l'un de ses assistants, Kulka, avec le terme Raumplan. Les volumes simples articulent des espaces dans une fluidité du mouvement et de « dévoilements successifs ».
La définition du Raumplan est un arrangement des volumes tridimensionnels appropriés à chaque fonction, une distribution sensible dans l'ensemble des volumes. Loos installe une séquence efficace qui fait naître l'espace continu à partir du déplacement dans les trois dimensions. La conception du Raumplan n'a pas perdu de sa valeur dans l'espace architectural contemporain. Jusqu'à nos jours, les documents publiés sur Loos, souvent basés sur des dessins d’archives et des photographies originales en noir et blanc, limitaient la mise en valeur de ses « espaces autres ».
L’une des ambitions de l’exposition présentée à l’ENSA Paris-Val de Seine et du travail réalisé en amont est d'examiner la maquette comme médiation pour mieux comprendre les possibilités et le sens contemporain de l'espace proposé par Loos. Cette démarche permet une compréhension de la réalité du Raumplan et une pratique spatiale qui se lit encore comme source aujourd’hui intégrant ergonomie et représentation. Sur le total des 30 maquettes réalisées à l’origine, 7 à 10 maquettes de projets présentes dans l’exposition montrent l'espace qui illustre le Raumplan.
Les maquettes qui incluent une coupe transversale tridimensionnelle concrétisent en réduction la spatialité complexe difficilement préhensible par les seuls dessins et qui peut donc être comprise par ce biais dans une même perception, une immersion métaphorique. Ainsi nous pouvons profiter de ce déploiement pour approfondir la réflexion sur le rôle de l'histoire dans la recherche projectuelle et les possibilités de l’architecture comme exploration, qui sont d’actualité et seront encore longtemps en débat.
Commissariat d’exposition : Marc Dilet, en coordination avec Yoshio Sakuraï, Emmanuelle Bouyer et l’ENSA Paris-Val de Seine
Remerciements à : Laurent Baudouin, Cyril Faivre-Aublin , Emmanuel Doutriaux, Hervé Duchauffour Karine Hardy, Jean-Pierre Mendès, Danièle Pauly, Ryusei Katsuta et Kou Kondo, étudiants du professeur Yoshio Sakuraï et nombre d’enseignants et d’étudiants de l’ENSA Paris-Val de Seine.