Le projet Carrières Grises est une réponse à une commande réelle d’une association en Inde, dans la région de l’Andhra Pradesh, au sud est du pays . Différents acteurs entrent en jeu. Tout d’abord, l’association mandataire Indian Christian Ministeries, à l’origine de la demande, sollicite l’ONG Journeman International, qui se charge de transmettre cette demande a des équipes ou des associations telle qu’A pied d’oeuvre . Cette dernière à été crée à l’école de Paris Val de Seine et permet de mettre en relation étudiants et ONG pour répondre à des commandes réelles.
Le projet s'est effectué à trois étudiants de trois écoles différentes : Pierre-Julien Lee de l'ENSA Paris La Villette, Clémentine Thénot de l'ENSA Paris Val de Seine et Pauline Liot de l'ENSA Normandie.
Situé à 10 km de la ville d’Ongole, principale ville de la région avec ses 250 000 habitants, le projet consiste en la réhabilitation d’un bâtiment en croix de 3000 m², initialement prévu pour accueillir un collège biblique, qui n’a jamais abouti. Actuellement, seul une dizaine de bureaux sont utilisés au rez-de-chaussé par l’association ICM. la parcelle : deux sur rue, des garages et commerces qui aujourd’hui ne fonctionnent pas, un bâtiment à patio abritant des chambres pour les personnes de l’association et visiteurs, un bloc sanitaire à l’arrière du bâtiment principal et des fondation en attente en arrière de parcelle. . la parcelle contient des monocultures d’eucalyptus appartenant à l’association mandataire. La partie Nord du site est réservé aux futurs projets de l’association.
Dans un contexte principalement agricole, entre culture de tabac et eucalyptus, le site fait face au SSN College, un campus universitaire d’ingénierie de 3000 étudiants, replié sur lui même. Tout deux se trouvent le long d’un axe routier très passant, reliant la ville de Chimakurthis et d’Ongole. Une visite de site en décembre 2018 a permis de s’imprégner de la culture indienne qui était pour nous trois totalement inconnue, de découvrir et d’appréhender le bâtiment à réhabiliter, d’en faire le relevé, et de recenser les ressources matérielles et humaines, propices au développement du projet. A la suite de cette visite, plusieurs problématiques se sont soulevées. Tout d’abord, l’économie de l’Andhra Pradesh est basée sur l’exportation et l’industrie du granite, qui génère chaque jours des quantités astronomiques de déchets ( chutes de plaques, gravats, poudre de granites) qui sont déversés le long des routes et dans les friches. Autre point, l’agriculture est l’une des principale source d’économie du pays et façonne la majorité des zones rurales. Face à un site situé dans un entre-deux villes à la croissance non-maîtrisée et entouré de monoculture d’eucalyptus, dont une partie appartient à l’association mandataire, ces cultures se présentent comme une source de matériau potentielle pour le projet, mais également comme un éventuel poumon vert à préserver de la future urbanisation, générateur d’un maillage urbain/agricole compatible. est une ressource rare, et le non-accès à l’eau potable génére lui aussi des déchets plastique, jetés sur les bas côtés . Et enfin, face à une uniformisation des systèmes constructifs en béton, de type poteaux-dalles, qui s’affranchit des traditions et du contexte climatique, le bâtiment est très clairement inadaptés à son climat, soumis à une sur-exposition et donc, au rayonnement direct du soleil. Pour répondre à ces différents enjeux et constats, il est d’abord proposer de tramer la parcelle avec un système de phyto-epuration, reconnectant ainsi le bâtiment a son contexte (lisières, cultures et campus) et permettant le recyclage des eaux grises et leur réutilisation . Cette trame est couplée avec système de récupération des eaux de pluie, qui, associé à un filtre carbone, rend l’eau potable. Les chutes de plaques et poudre de granite sont ici utilisés pour le parement au sol et la membrane imperméable de la phyto-épuration. Les monocultures sont transformées en parc agroforestier, visant à encourager l’autonomie nourricière de la parcelle, en intégrant des cultures maraîchères et vivrières entre les eucalyptus. Cela permettra également de réguler les ressources des sols pompées par les monocultures. Les eucalyptus retirés, sont réintégrer dans le projet et consitutent le matériaux de base des charpentes.
Face à l’inadaptabilité du bâtiment à son climat, une seconde peau est greffée au bâtiment existant. Faite à partir des eucalyptus issue de l’agroforesterie mise en place, celle-ci intègre des dispositifs de protection solaire type brise soleil, et vient s’épaissir pour y accueillir la nouvelle circulation liée aux programmes ainsi que des éléments techniques de ventilation naturelle, tels que des puits canadiens et des cheminées solaires. au Sud, le soleil a un rayonnement très vertical, une casquette en bois est donc ajoutée en partie supérieure des façades. A l’est, aussi bien en été qu’en hiver, le soleil tape sur la façade uniquement le temps de la matinée. De la végétation grimpante est ainsi associée à la structure de la double peau, faisant office de brise soleil. A l’ouest, l’ensoleillement est bien plus long et horizontal, la double peau est ainsi composée de brise soleil dense pour une protection optimale. offrir une protection à la toiture terrasse jusque la inexploitée, et devient une cour verticale et y abrite la bibliothèque. le nouveau bâtiment, l’internat, la stratégie climatique est différente. En effet, contrairement à l’existant où il était impossible de casser les dalles qui participaient au contreventement de la structure ,pour inclure les éléments de ventilation, est désormais possible de concevoir ce nouveau bâtiment en intégrant ces dispositifs. Ainsi, le rez-de-chaussée est en murs structurels de gabion (réutilisation des déchets de granites). Ces murs, épais d’un mètre, contiennent 3 vides techniques permettant le passage de gaines de puits canadien dans l’un, pour le rafraîchissement de l’air. A l’intérieur des deux autres cavités, l’air frais y est directement insufflé : le granite, par sa forte inertie, va rester frais au contact de cet air. Le mur prends alors le rôle de radiateur d’air frais. Le R+1 est fait de charpente d’eucalyptus et de torchi, fabriqué à base de terre excavée de la phyto-épuration et de la poudre de granite. L’ensemble des chambres est organisé autour de patios, qui jouent le rôle de poche d’air frais. direct sur les chambres et l’évacutation de l’air chaud . Enfin, les circulations viennent se dilater et se transforment en lieux de rencontre et d’échange, tournés vers le paysage.