L'hôpital de toutes les consommations

Le PFE est l'aboutissement d'une recherche engagée dès la troisième année d'architecture à l'ESA sur l'architecture et l'imaginaire. Mon mémoire mention recherche soutenu en février portait sur les Psychotropes et l'Architecture, et interrogeait le rôle de l'architecte dans un monde en crise économique et à la tendance moraliste, mais aussi les outils de conception de l'architecte. A la fois catalogue de pratiques décalées en tout genre et raisonnement théorique sur les pratiques contemporaines de notre métier et sa relation avec les usagers de l'espace que nous produisons. Il s'agit de s'interroger sur le rôle de l'architecture comme lieu émancipatoire et protecteur, et de proposer la reconversion d'un centre commercial voué à la destruction en lieu public contemporain, avec une pluralité programmatique. Le mémoire me sert de support à trois échelles. Tout d'abord le détournement du capital, exploré à l'écrit avec les communautés des années 60 initiées par des architectes telle que celle d'Ant Farm. Dans le projet les programmes existants offrent l'énergie nécessaire à ceux ajoutés. Ensuite le détournement programmatique, avec l'insertion de programmes décalés visant à ouvrir le site sur la ville et de briser son autisme actuel, dont une salle de consommation à moindre risques, contrôlé par les associations locales, que j'ai pu rencontrer sur place, une boîte de nuit réutilisant les escalators du centre commercial, un fleuriste immense, une tour de production de matériaux. Enfin à une échelle architecturale, avec ces programmes surgissant de ce bâtiment brutaliste, dur, connu pour sa laideur, en PTFE, matière légère. C'est donc aussi une réponse à la véritable tabula rase qui est enclenchée à Oslo, dans un but de densification massive. Peut-on conserver en partie un lieu en l'investissant avec un autre langage, créant un nouveau champ sémantique? Le projet propose un positionnement politique, d'offrir des parcours diverses, visant à mélanger des populations qui ne se rencontrent pas de si près habituellement, à travers une série de situations déboussolant l'utilisateur.