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Gwenael HAMON

Errances Iodées - un centre d'interprétation de l'ostréiculture à Cancale

2018

Cancale, Bretagne

Directeur(s) d'étude(s) : Michel JACOTEY

Dans la baie du Mont-Saint-Michel, les marnages se situent parmis les plus forts d’Europe, ils peuvent atteindre quinze mètres lors de grands coefficients et permettent de découvrir l’estran de plus de 250 kilomètres carrés à marée basse. Les parcs à huîtres sont installés sur l’estran à perte de vue et dessine une composition géométrique et géographique. L’ostréiculture (élevage des huîtres) qui  représente 25.000 tonnes de coquillages produits par an dans la baie du Mont-Saint-Michel se déploie sur l’estran, où la semence va jouir d’une alternance de phase humide et sèche. À marée basse, lorsque la mer se retire sur une dizaine de kilomètres vers le large, l’estran devient un espace traversable, utilisable et appropriable par l’homme. Les parcs à huîtres apparaissent telles de longues lignes, formant des masses, des intériorité et qui, au gré des marées se découvrent ou se laisse submerger par l’océan. Telle une ville, les parcs à huîtres sont constitués d’allées de plus ou moins grandes dimensions, fragmentant le territoire en parcellaire. 

Le projet architectural cherche à s’effacer devant la façade littorale authentique cancalaise, à revendiquer la force du contexte afin de valoriser le génie du lieu et de s’inscrire durablement dans le territoire.Il s’implante au lieu de rencontre de lanières bâties, concave et convexe et cherche à s’établir tel qu’un parc à huître se développe sur l’estran. Prolongé loin dans le paysage, le bâtiment s’annonce comme une composition d’éléments architectoniques. Il consiste à travailler sur une morphologie, un système logique, prédéterminé par mon interprétation personnelle du parc à huitres. Le bâtiment se développe telle une masse, un enrochement, une prolongation de l’espace des quais, où les usagers peuvent s’y balader librement. C’est une composition géographique et géométrique ordonnée et déployée sur l’estran afin de ressentir davantage le contexte et les forces de la marée. Il se structure selon deux principes fondateurs. Une division horizontale, parallèlement à la mer et à travers un module qui reprend la composition géométrique des parcs à huîtres, mais les poches d’huîtres de 100 centimètres par 50 centimètres deviennent des dalles du même format, mais redivisée en deux parties pour une facilité technique de mise en oeuvre.Le second principe s’organise selon une division verticale afin de conférer au projet le rôle d’horloge de la marée. Il a été possible de mettre en place une unité de mesure, seize centimètres. Ce qui correspond à un dénominateur commun des différentes marées cancalaises et à une marche. Le projet architectural s’organise selon ces deux systèmes régulateurs afin de proposer des ballades intérieures et extérieures diverses et continues, des errances iodées.  L’architecture va fluctuer selon les différentes marées se laissant submerger par la mer. Cette approche de conception phénoménologique laisse entrevoir un projet dont le résultat formel n’est en aucun cas l’objectif. Il peut alors apparraître massif dans le paysage à marée basse mais la déambulation continue sur le toit du bâtiment offre une diversité de parcours, de lieux intimes, collectifs où touristes et cancalais pourront se retrouver, seuls ou en groupe afin de comprendre un peu mieux le paysage qui les entourent, de les guider jusque sur l’estran et de retrouver les sensations perdues avec l’arrivée de l’automobile sur les quais de la Houle.