- DE5 Territoires de l’architecture
- PFE
POCHARD Juliette
Conserver par le vide - Fragmentation d'une hétérotopie : l'ancienne prison Saint-Michel à Toulouse
2018
Directeur(s) d'étude(s) : Marie-Hélène BADIA
La figure radiale a, depuis le XIXème siècle, incarné un modèle carcéral réformateur autoritaire et universel. En crise dès la seconde moitié du XXème siècle, les structures, lourdes, ne répondent plus aux normes pénitentiaires, occupent une emprise considérable dans les villes et génèrent des friches à la mémoire parfois douloureuse.
Comment composer avec cette figure rigide, conçue pour séparer les individus de la société et entre eux ? Comment briser l'hétérotopie de la prison ?
Le dispositif du négatif est une démarche théorique, qui pourrait s’appliquer sur n’importe quelle prison radiale désaffectée. Il va, par l’inversion des pleins et des vides, révéler le cœur de la prison et exprimer sa violente spatialité par les traces des cellules au sol et aux murs, conservés. Il s’agit ainsi de sauvegarder, par le vide, la mémoire de la figure rayonnante.
L’extension des branches va ensuite, en perçant le double mur d’enceinte de manière franche, briser l’hermétisme de la prison. La figure, immatérielle, va relier la parcelle au réseau viaire et restituer l’espace enclavé à la ville.
La réversibilité s’opère ainsi au niveau de la matière, qui habite les zones où les détenus n’étaient pas incarcérés, mais aussi au niveau des usages : l’étoile évidée devient espace public, lien urbain par la continuité du sol et la générosité de ses branches - à la fois réseaux et lieux d’appropriation, brisant les usages dictés de la prison. Le programme importe peu, tant qu’il crée la matière de ville inédite dans les nouveaux « pleins » à la typologie triangulaire : opérer la subversion de la prison, s’appuyer sur ses fondations et son identité, tout en s’intégrant dans le contexte urbain et en répondant aux besoins changeants de la ville.